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BREAKING (RE)NEWS 29 MARS

Aucun lecteur attentif de la Breaking (RE)NEWS ne sera surpris, mais l’ampleur du mouvement interpelle. Plus l’échéance des élections européennes approche, plus nos dirigeants européens semblent effrayés par leur propre audace passée et s’empressent de détricoter des pans entiers du « Pacte Vert », ou Green Deal, âprement négociés ces dernières années. Qu’on en juge. Depuis le 22 novembre et le rejet surprise du règlement européen sur les pesticides, la machine à détricoter s’emballe. PAC verte revisitée, devoir de vigilance vidé d’une part de sa substance, loi sur la restauration de la nature dans les limbes, texte sur la déforestation importée menacée, … D’ici le 9 juin et le premier tour des élections, les acteurs de la transition s’accrochent à leurs sièges, électrisés.

Ce qui interpelle le plus, c’est qu’il s’agit là de retours en arrière sur des textes ayant déjà été approuvés, pour lesquelles des majorités s’étaient dégagées ! Une innovation institutionnelle car l’UE n’est pas coutumière du fait, la législation européenne étant d’ailleurs déjà assez complexe, car fruit de multiples compromis, pour ne pas avoir envie de revenir sur des décisions ardues, au risque de ne jamais aboutir. On assiste aujourd’hui à ce que des cavaliers équestres qualifieraient de refus d’obstacles. Ainsi la PAC, renégociée pendant de longues années et finalement votée, avec une tonalité « plus verte », en 2021, prévoyait-elle différents seuils de déclenchements d’actions. Par exemple, en 2023, de nouvelles exigences environnementales devaient être mises en place et respectées, ainsi qu’en 2024. Mais cette année comme l’an dernier, juste avant les dates décisives, des « phases transitoires » sont ajoutées, des « mesures exceptionnelles » décidées, des « exemptions » multipliées, afin de vider les réformes de leur substance. En bref, comme le dit Libération, un Pacte Vert « détricoté ». Même chose pour le devoir de vigilance européen, finalement acté de justesse il y a dix jours mais avec des seuils, des secteurs, des sanctions abaissant fortement l’ambition initiale du texte, pourtant initialement acté par une majorité, au Parlement comme au Conseil et à la Commission. Aboutissant à un devoir de vigilance « très affaibli », comme le qualifient Le Monde et Novethic. Et que dire du projet phare consacré à la Restauration de la nature, de nouveau torpillé, dans la dernière ligne droite avant son adoption, qui ne devait être qu’une simple formalité, après que son contenu avait déjà été fortement édulcoré. La biodiversité attendra bien encore un peu… Le texte, qui visait à préserver la biodiversité de 20% des terres et des mers, avait fait l’objet en février d’un accord en trilogue (entre les trois instances européennes) et d’un vote positif au Parlement européen. “Ne restait plus” qu’à passer l’épreuve du Conseil de l’UE. Mais non, cette fois en raison d’un revirement inattendu de la Hongrie. Dernière victime en date, et non des moindres, le règlement à la fois novateur et ambitieux concernant la déforestation importée, adopté en 2022 et censé entrer en vigueur à la fin de l’année, est aujourd’hui à son tour menacé de suspension et de report. C’est en tout cas ce que demandent une vingtaine d’Etats – une solide majorité d’Etats membres, donc ! -, dont la France, selon des informations réunies par Reuters et reprises par Novethic. La déforestation attendra bien un peu la tenue des élections européennes. Ce qui avait commencé par l’annonce d’une « pause » commence à prendre des allures de débâcle. Vivement les élections ! Même s’il est à redouter que leur résultat fasse obstacle à la poursuite de réformes aussi urgentes que parfois décisives. On aurait peut-être dû mieux les prioriser et les expliciter pour ne pas effrayer…

Pour entamer nos rubriques hebdomadaires, débutons par un grand classique : la météo. Records battus concernant la chaleur des océans, l’élévation du niveau de la mer, le recul des glaciers… 2023 a conclu la décennie la plus chaude jamais enregistrée, poussant la planète « au bord du gouffre », vient d’alerter l’ONU. Un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), cité par L’Express et l’AFP montre que des records ont été « pulvérisés », s’agissant des niveaux de gaz à effet de serre, des températures de surface, du contenu thermique et de l’acidification des océans, de l’élévation du niveau de la mer, de l’étendue de la banquise antarctique et du recul des glaciers. La planète est donc « au bord du gouffre » alors que « la pollution par les combustibles fossiles provoque un chaos climatique sans précédent », a alerté pour la millionième fois (on exagère un peu) le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. « Il est encore temps de lancer une bouée de sauvetage aux populations et à la planète », selon lui, mais il faut agir « maintenant ». La température moyenne à la surface du globe a été en 2023 de 1,45°C au-dessus du niveau de référence de l’ère préindustrielle. « Chaque fraction de degré de réchauffement climatique a un impact sur l’avenir de la vie sur Terre », a prévenu le chef de l’ONU. Et que dira-t-il en 2024… ? Car l’année qui débute pourrait être tout aussi chaotique, prévient Libération. « Il y a une probabilité élevée que 2024 batte à nouveau le record de 2023 », a fait savoir Omar Baddour, de l’OMM.

A propos de gaz à effet de serre, la bonne nouvelle de la semaine ne vous aura pas échappé car elle a été claironnée haut et fort, surtout au sommet de l’Etat : le recul des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France s’accélère ! De quoi permettre au ministre de l’Ecologie de faire le 20h00 de TF1 en se félicitant d’une année « record ». En 2023, les GES ont donc baissé de 4,8 % par rapport à 2022, pour atteindre 384,5 millions de tonnes équivalent CO2. En une seule année, c’est l’équivalent de « quasiment la totalité de la baisse » enregistrée en France entre 2012 et 2017, a souligné Christophe Béchu. Pour mémoire, la baisse n’était que de 2,7 % en 2022 par rapport à 2021. Il faudra faire plus d’efforts encore pour atteindre les objectifs que la France s’est fixés : une baisse de 34 % des émissions entre 2022 et 2030 – soit 5 % par an – seule manière d’atteindre la neutralité carbone en 2050 (-55 % en net). Surtout : on ne mesure toujours pas les gaz à effet de serre liés à nos importations, qui sont tout sauf négligeables. Aussi : on sait qu’une bonne partie du recul est liée à la faiblesse de la croissance économique, notamment de la production industrielle, dont les GES ont plongé de 8%, expliquent Les Echos. Enfin : on a moins parlé des performances de l’Allemagne, notre compétiteur préféré, dont les GES ont diminué de plus de 10% l’an dernier, alors que ce pays ne dispose plus de l’énergie nucléaire…

La décision judiciaire de la semaine n’est pas sans lien avec le sujet précédent et elle nous vient du juge administratif, pour changer. Elle concerne l’économie du ski. Elle marque concrètement les conséquences de la crise climatique et la nécessité de s’y adapter. En l’espace d’un mois, les stations de ski de l’Alpe-d’Huez (Isère) et du Grand-Bornand (Haute-Savoie) ont eu chacune leur plan d’urbanisme retoqué par le tribunal administratif de Grenoble. Celui-ci a également annulé un projet de télésiège à Aussois (Savoie), le 5 mars. Comme le rappelle Le Monde, le ton avait été donné en 2023, lors d’une décision qui avait fait grand bruit : l’annulation, le 30 mai 2023, du schéma de cohérence territoriale de la Maurienne, un document voté par soixante-deux communes savoyardes, dont vingt-quatre stations (Valloire, Valmeinier, Saint-Jean-d’Arves, Valfréjus…). Cette feuille de route prévoyait l’extension de domaines skiables, et la construction de 22 800 lits touristiques, dont un Club Med de 1 000 lits à Valloire. Aujourd’hui, « un point de bascule a été atteint, estime Philippe Bourdeau, enseignant-chercheur à l’université Grenoble-Alpes, spécialisé dans l’économie de la montagne. Les hauts fonctionnaires sont de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux, et à la dépense d’argent public qui n’en tiendrait pas compte. Le récent rapport de la Cour des comptes en témoigne. Il y a moins de bienveillance vis-à-vis de cette économie du ski. »

Un peu dans le même ordre d’idée, la prière de la semaine (un « must » en ce week-end de Pâques !) est adressée à Sant Galdric, saint patron des Catalans.  Les paroissiens de Perpignan ont décidé de s’en remettre une nouvelle fois à lui afin de faire enfin tomber la pluie sur les Pyrénées-Orientales. Le dimanche 10 mars, pour la deuxième année consécutive, ils ont organisé une procession dans les rues de la ville. Dans l’extrême sud de la France, comme dans tout l’ouest du bassin méditerranéen, la sécheresse s’est installée, pour de bon semble-t-il. Dieu fasse que les prières soient entendues. A défaut, un « Plan Eau » effectif et sans doute renforcé peut servir aussi.

Côté « ressources et transition », le débat public de la semaine (et des mois qui viennent) a été lancé en Auvergne. Avant que le projet d’exploitation de ressources en lithium, par la société Imerys, leader mondial des spécialités minérales pour l’industrie, ne soit lancé sur le site d’Échassières, une étude technique, environnementale et économique doit être finalisée. Le site est actuellement exploité pour la production de céramique et de porcelaine. Si le projet est finalisé, le site d’Échassières deviendrait le deuxième plus important exploitant de lithium en Europe. Du 11 mars au 7 juillet 2024, une consultation publique est ouverte sur ce projet, sous le pilotage de la Commission nationale du débat public (CNDP). Une plateforme de participation en ligne est également mise à disposition du public pour découvrir le projet et recueillir les avis. Nos lecteurs attentifs se souviennent du « concept de la semaine » dernière : le nimby (« not in my backyard »). Le lithium, c’est bon pour la transition et les batteries électriques, mais une mine dans mon jardin, c’est moins sympa. Une bonne illustration.

A propos d’énergie « propre », l’innovation de la semaine nous vient des pays froids, de Finlande plus précisément, avec la mise à l’échelle des « batteries au sable » (Sand Battery), dont une première version fonctionne depuis 2022. La nouvelle batterie de sable, qui devrait être opérationnelle d’ici 18 mois, mesurera 13 mètres de hauteur et 15 mètres de largeur, offrant une puissance de sortie de 1 MW et une capacité de 100 MWh, précise la lettre online Newatlas. Elle devrait réduire les émissions de dioxyde de carbone du système de chauffage urbain la ville voisine de 160 tonnes par an, ce qui correspond à une réduction de près de 70 %. Les esprits pervers parmi vous se feront la même remarque que l’auteur de ces lignes : le sable aussi est une ressource qui se raréfie… Mais les Finnois ont la réponse : le sable lui-même proviendra de sources durables ! Il sera constitué de stéatite concassée, qui est un sous-produit de fabrication d’une autre industrie locale. Un matériau qui peut apparemment conduire la chaleur encore mieux que le vieux sable ordinaire.

Ressources toujours, mais alimentaires cette fois, la gabegie de la semaine est pointée par l’ONU, qui évoque une « tragédie mondiale » : au moins un milliard de repas sont gaspillés chaque jour sur la planète !  Ce chiffre est d’autant plus choquant que la même année, 783 millions de personnes ont souffert de la faim et un tiers de l’humanité a été confronté à l’insécurité alimentaire. Selon l’étude, réalisée en partenariat avec l’ONG britannique Wrap, 1,05 milliard de tonnes de denrées alimentaires (y compris les parties immangeables comme les os, arêtes, noyaux ou coquilles d’œufs) ont été jetées dans le monde en 2022, soit « près d’un cinquième (19 %) de toute l’alimentation mise à la disposition des consommateurs ». Pire, précise Libération, cela ne représente qu’une partie du gaspillage alimentaire total. Car ce volume ahurissant de victuailles mis au rebut plutôt que dans nos estomacs s’ajoute aux 13 % du total de la production alimentaire mondiale perdus en amont de la chaîne d’approvisionnement (après les récoltes et avant l’arrivée dans les commerces), un chiffre fourni par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Des champs à l’assiette, le monde dilapide donc un tiers de la production alimentaire totale ! Et les ménages sont largement en cause. Car ce sont eux qui jettent 60 % de toute cette nourriture gaspillée (soit 631 millions de tonnes), tandis que les restaurants et cantines en jettent 28 % et les commerces 12 %. Les conséquences de cette gabegie mondiale sont « dévastatrices », alerte le rapport. Elle est en effet responsable de 8 à 10 % des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre, soit « près de cinq fois plus que celles du secteur aérien ». Autre effet funeste, une « perte significative de biodiversité », car produire toute cette nourriture gâchée occupe l’équivalent de près de 30 % des terres agricoles mondiales. En plus d’être un « échec environnemental », la perte et le gaspillage de nourriture est aussi « un échec du marché », qui pèse sur l’économie mondiale, avec plus de 1 000 milliards de dollars (environ 922 milliards d’euros) littéralement jetés à la poubelle chaque année. L’objectif mondial, inscrit fin 2022 dans l’accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité, est de diviser par deux le gaspillage alimentaire d’ici à 2030. Un « job qui est trop grand pour n’importe quelle partie prenante » prise isolément, conclut le rapport. Qui appelle donc à un effort collectif, « les gouvernements, municipalités, entreprises agroalimentaires, chercheurs et organisations non gouvernementales de toutes tailles [ayant] tous un rôle à jouer pour changer les pratiques et comportements, cibler les zones à risque, innover et améliorer la situation » en aidant les ménages à agir, conclue le rapport. « Si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le « troisième émetteur de gaz à effet de serre derrière les Etats-Unis et la Chine », lit-on par ailleurs dans Le Monde.

Un bon moment pour évoquer les maladies de la semaines, liées à la précarité alimentaire ! Rachitisme et scorbut font leur retour en Europe, notamment au Royaume-Uni. « Pourquoi le retour des maladies de l’ère victorienne au Royaume-Uni inquiète les experts de la santé », titre le Guardian qui fait état du retour sur son territoire de maladies que l’on croyait éradiquées à tout jamais en Europe, grâce à la modernité et l’avancée de la médecine. La raison : l’appauvrissement de la population. Environ un Britannique sur cinq vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Soit 14 millions d’individus, dont une partie peine à se nourrir correctement. En 2022, 423 patients ont ainsi été hospitalisés au Royaume-Uni pour rachitisme, causé par une carence en Vitamines D ou en calcium, et 188 pour scorbut, en raison de la consommation insuffisante de fruits et légumes frais, garants d’un apport en vitamine C. Au total, près de 10 000 Britanniques ont été hospitalisés en un an pour malnutrition, soit quatre fois plus qu’il y a douze ans. « It is shameful », conclue le quotidien britannique. Indeed.

Continuons dans le contenu de nos assiettes avec la « journée internationale de la semaine », dont il est possible qu’elle ne convainque pas entièrement les victimes de rachitisme et de scorbut : le 20 mars était la « journée sans viande ». A propos, quel changement de comportement se révèle le plus utile pour lutter contre le réchauffement climatique ? « Consommer uniquement des produits locaux », répondent 31 % des Français interrogés par l’institut YouGov en février. « Opter pour le vélo lors de déplacements courts » ou « adopter le mode de vie zéro déchet » arrivent en seconde et troisième position (respectivement 20 % et 19 % des réponses). Pour 16 % des sondés, il faut « refuser les voyages en avion ». Seules 6 % des personnes interrogées estiment qu’il faudrait surtout « adopter une alimentation végétarienne ». Or, l’association Futur, commanditaire de ce sondage, a profité de la Journée internationale sans viande pour rappeler, avec la complicité de Libération, que renoncer à la viande et au poisson constitue l’écogeste le plus utile, et de loin, permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle individuelle. Ce sondage s’inscrit dans une campagne baptisée « L’Affaire du steak » (en référence à la campagne de justice climatique « L’Affaire du siècle ») qui s’affiche aussi dans le métro parisien.

Le deuxième (!) déchet de la semaine est électronique : smartphones, tablettes, ordinateurs, écrans plats, batteries de vélo électriques, panneaux photovoltaïques… La numérisation et l’électrification de nos modes de vie s’accompagnent d’une explosion des déchets électroniques. Entre 2010 et 2022, ils ont bondi de 82 % pour atteindre le volume record de 62 millions de tonnes, à l’échelle de la planète, alerte l’Organisation des Nations unies (ONU), dans un rapport publié le 20 mars. Et, selon les projections de l’ONU, elle va continuer à grossir d’un tiers d’ici 2030. Pire : entre 2022 et 2030, le taux de collecte et de recyclage devrait décliner de 22,3 % à 20 %. Si bien que les déchets électroniques croissent cinq fois plus vite que la quantité recyclée. E-déchets et économie circulaire ne vont toujours pas de pair. Ce qui est dommage car, on le sait bien chez (RE)SET, cela pourrait être possible… En attendant, la répartition par pays est sans surprise : la Chine est loin, très loin, devant, suivie par les Etats-Unis, l’Inde et le Brésil. Mais, comme souvent, si l’on rapporte les volumes de déchets par habitant, la hiérarchie change drastiquement : l’Union Européenne est loin devant le reste du monde. Un Français génère en moyenne 22,4 kg de déchets électroniques par an, moins qu’un Norvégien (26 kg), mais plus qu’un Américain (21,3 kg), près du triple d’un Chinois (8,5 kg) et le décuple d’un africain ! En 2022, près de la moitié des 62 millions de tonnes d’« e-déchets » se sont retrouvées dans des décharges sauvages (14 millions de tonnes) ou ont alimenté le marché noir du recyclage dans les pays en développement (16 millions de tonnes). Ce qui a des conséquences catastrophiques sur l’environnement et la santé des personnes qui travaillent ou vivent à proximité de ces décharges, en particulier les enfants, en les exposant à un cocktail de produits toxiques (plomb, dioxines, PFAS…). Aujourd’hui, le recyclage de ces déchets, qui contiennent d’importantes quantités de matériaux stratégiques, couvre à peine 1 % de la demande mondiale en métaux rare (cuivre, cobalt, nickel, or et argent). L’ONU évalue ce gaspillage de ressources à 91 milliards de dollars. « Le statu quo ne peut plus durer, estime Kees Baldé, le principal auteur du rapport, cité par Le Monde. Il est urgent que les Etats investissent davantage dans les infrastructures de recyclage et promeuvent la réparation et le réemploi. » Chez (RE)SET, on applaudit cette recommandation des deux mains ! D’autant qu’en France, on a des éco-organismes spécialisés sur la question.

A propos de déchets et de recyclage, le supermarché de la semaine a un joli nom : il s’appelle Super Tout Nu. Il vient d’être inauguré, à Toulouse, par la Ministre Olivia Grégoire, en charge des entreprises, du tourisme et de la consommation. On n’y trouve aucun emballage jetable ! Consigne, local, bio, réemploi et vrac à tous les étages !  Il a été imaginé par Salomé Géraud (Nicaise) et Pierre Géraud-Liria, cofondateurs de l’enseigne de e-commerce zéro déchet Le Drive tout nu. Une station de lavage des contenants (bocaux, bouteilles, …) jouxte le supermarché. Pour aller y faire vos courses, il faudra vous rendre dans la zone commerciale de Labège au sud de Toulouse. Des visuels sont disponibles sur LinkedIn.

La surprise de la semaine n’a qu’un rapport indirect avec nos sujets, au moins on l’espère, mais comme elle est importante, on vous la donne quand même : la baisse de la fécondité humaine dans le monde est plus rapide que prévu. Selon une étude publiée dans « The Lancet », et dont Le Monde se fait l’écho, l’indice de fécondité moyen en 2050 pourrait se situer autour de 1,8 enfant par femme à l’échelle de la planète, soit au-dessous du seuil de renouvellement de la population -qui est de 2,1. Les chercheurs s’attendent à ce qu’en 2100 seuls les Samoa, la Somalie, les îles Tonga, le Niger, le Tchad et le Tadjikistan se maintiennent au-dessus du seuil de renouvellement des populations. A l’autre extrémité du spectre, le Bhoutan, le Népal, le Bangladesh ou encore l’Arabie saoudite pourraient voir leur indice de fécondité passer au-dessous d’un enfant par femme (ce qui conduit à terme à une division par deux de la population). « Les implications sont considérables, a déclaré Natalia V. Bhattacharjee, de l’IHME, coautrice de ces travaux. Ces tendances (…) reconfigureront complètement l’économie mondiale et l’équilibre international des pouvoirs et nécessiteront une réorganisation des sociétés. » A rebours de l’air du temps politique en France et en Europe, la chercheuse anticipe « une concurrence internationale pour attirer les migrants afin de soutenir la croissance économique, alors que le baby-boom se poursuit à un rythme soutenu en Afrique subsaharienne ». Passer du refoulement manu militari à la concurrence pour attirer les migrants, cela prendra du temps mais cela viendra, selon les scientifiques…

La star de la semaine est Barack Obama, l’ancien président américain, qui de passage à Paris s’est ouvertement moqué des visions d’Elon Musk et autre Jeff Bezos, évoquant  « les magnats de la Silicon Valley, dont beaucoup construisent des vaisseaux spatiaux (…) J’aime l’exploration spatiale, et j’attends avec impatience de nous voir arriver sur Mars et au-delà (…) Mais quand j’entends certaines personnes dire que le plan est de coloniser Mars parce que l’environnement sur la Terre pourrait se dégrader, qu’il deviendrait invivable… Mais que dites-vous ?! », s’est enflammé Obama. « Même après une guerre nucléaire (…) la Terre serait plus vivable que Mars ! Même si l’on ne faisait rien contre le changement climatique, elle aurait toujours de l’oxygène, et pour ce que l’on en sait, Mars non », a-t-il développé, devant un parterre composé notamment de professionnels des énergies renouvelables, rassemblés dans l’amphithéâtre du CNIT de Paris-La Défense. Et d’au moins un journaliste de Francetvinfo.

La tribune de la semaine nous a réjoui, chez (RE)SET, car elle émane de sa Présidente. En matière de transition économique et environnementale, « une radicalité peut en cacher un autre », écrit Géraldine Poivert dans Les Echos. En d’autres termes, il n’est plus temps d’alerter (tout le monde est au courant), ni de débattre (les débats ont déjà eu lieu) mais bien d’agir ! La difficulté de la transition aujourd’hui réside pour beaucoup dans le fait que les promesses et les engagements (des Etats, des entreprises, des citoyens) ne sont pas tenus. La vraie radicalité, celle qui s’attaque à la racine, n’est-elle pas simplement de cesser de se payer de mot et agir ? Les enjeux sont connus. Les difficultés le sont autant. Le cadre juridique est, pour l’essentiel, posé. De nombreuses solutions, pragmatiques, sont déjà prêtes. Reste à s’en saisir, à mettre en conformité les actes avec les engagements. Grands capitalistes, gouvernement et militants écologistes pourraient se retrouver dans cette radicalité-là. Celle qui fait concrètement avancer les choses. Notre obsession, chez (RE)SET.

La devinette de la semaine dernière n’avait donc aucun rapport avec le film Dune, ni ver géant ni épice si l’on creuse. Car il s’agit de la photo prise par satellite d’un désert de Namibie. Si vous souhaitez vous y rendre, c’est ici : 24°42’51.43″S, 15°29’22.71″E.

La devinette de cette semaine nous fait revenir en France. Sur cette carte, que pourraient bien représenter ces petits points allant du vert pâle au rouge foncé ? On en compte plus qu’ailleurs en Ardèche, Pyrénées-Orientales, Hautes-Alpes et Corse (c’est l’indice).

[Pour rappel, (RE)SET, fondé en 2019, est le premier cabinet de conseil indépendant dédié à la transition économique et environnementale et taillé pour l’action. « (RE)SET : resources to win environmental and economic battles ! » Forcément partielle, parfois partiale, toujours engagée, cette revue des médias au ton souvent enlevé, voire impertinent, n’engage aucunement (RE)SET dans ses activités de conseil mais elle brosse un portrait que nous estimons intéressant de l’état de la transition telle qu’elle transparaît dans la presse et les travaux de recherche. Une photographie du débat, des forces en présence, des oppositions, des convergences, que nous espérons utile à vos décisions et à la construction de vos stratégies de transition.]

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