Bonjour,
La Breaking (RE)NEWS joue à saute-ponts dans ce mois de mai à trous ! Ce qui, soit dit en passant, est une bonne nouvelle pour la diminution des gaz à effet de serre car la croissance du PIB s’en ressent . Mais on ne voulait surtout pas rater cette bonne nouvelle : l’économie française reste la plus attractive en Europe pour les investissements directs étrangers et ce pour la cinquième année consécutive, selon le dernier baromètre de E&Y, cité par Les Echos. Plus intéressant encore : 44% de ces nouveaux investissements sont de nature industrielle, révèle Le Monde. Et parmi ceux-ci, une proportion notable est liée à la transition environnementale, comme les usines de construction de batteries électriques. « La réindustrialisation est en marche », se félicite-t-on à l’Elysée. Bien sûr, chez (RE)SET, on aimerait que ça aille plus loin et plus vite, mais le baromètre E&Y permet de relativiser un peu les discours alarmistes sur une transition verte qui grèverait par trop l’attractivité de l’économie française.
Du tout va bien au tout va mal, on cherche l’audace de la nuance… Car ces discours se multiplient ! L’approche des élections européennes continue d’alimenter les articles alarmistes et parfois populistes, évoquant, comme le fait Le Figaro, « le grand coup de frein sur la transition écologique », qu’il appelle de ses vœux… Discours relayé par le Financial Times qui fait grand cas d’une étude de JP Morgan demandant un « reality check ». JP Morgan est formel : la transition vers les énergies renouvelables va coûter trop cher. Dès lors, elle ne pourra pas se faire dans les temps. La montée de l’inflation, les crises géopolitiques ou encore l’augmentation des taux d’intérêt rendent la sortie des énergies fossiles de plus en plus chère, ce qui met une pression critique sur les gouvernements endettés. Conclusion du rapport : il faut revenir à la réalité. Oubliées les cibles de 2030, puis 2050, pour atteindre la neutralité climatique, oubliée l’urgence à agir dans les dix prochaines années pour tenter de contenir le réchauffement à 1,5°C. La banque américaine, pragmatique, estime que ce ne sera pas possible. Le Monde évoque de son côté « le spectre de l’impuissance » et dénonce la montée d’un nouveau concept : le « climato-je-m’en-foutisme ». Principal motif de cette tendance, selon Le Monde : le sentiment persistant que les efforts de la transition sont inégalement répartis, à tous les niveaux. Entre les consommateurs riches et ceux pauvres, les pays développés et ceux en développement, les pays pétroliers et les autres, …
Des oppositions que l’on retrouve d’ailleurs dans les négociations sur le Traité devant mettre un terme à la pollution plastique, qui ont connu un nouvel épisode à Ottawa cette semaine. Des négociations menacées de paralysie, raconte Le Monde. Deux blocs s’affrontent. Une coalition présidée par la Norvège et le Rwanda et regroupant soixante-cinq membres, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), défend un texte de « haute ambition ». Ce groupe veut agir à la source et met notamment l’accent sur la réduction de la production de plastique. Les organisations non gouvernementales (ONG) vont jusqu’à plaider pour une réduction de 75 % de la production à l’horizon 2040. Une ambition que ne partagent pas les pays producteurs de pétrole et de plastique qui ont monté autour des pays du Golfe une coalition pour la durabilité des plastiques qui regroupe l’Iran, la Russie, le Brésil ou encore l’Inde. Soutenus par les lobbys de l’industrie pétrochimique (143 représentants étaient accrédités lors du dernier round de négociations à Nairobi), ces pays se montrent réticents à toute obligation de réduction de la production de plastique et privilégient une approche fondée sur le recyclage, qui plafonne aujourd’hui en dessous de 10 % au niveau mondial. Les Etats-Unis et la Chine, les deux plus gros consommateurs de plastique, ne font pas officiellement partie de cette coalition mais sont sur la même ligne. De son côté, une coalition internationale essaie de se constituer pour promouvoir le système des REP (Responsabilité élargie du producteur). Citeo est en pointe, souhaitant placer le principe du « pollueur-payeur » au cœur de la lutte contre la pollution plastique, comme le rapporte L’Usine Nouvelle. L’éléphant dans la pièce, pour reprendre l’expression de Novethic, reste la question de la réduction de la production, tant dans son principe que dans son volume. Et selon Libération, « dans tous les cas, il n’y a pas de solution miracle, il faut fermer le robinet du plastique à la source », tant les solutions de recyclage restent parcellaires.
On le sait, dans ce type de négociations, un peu comme dans les séries télévisées, chaque épisode apporte son élément de dramatisation supplémentaires. Jusqu’au dernier épisode, où le dénouement s’impose. Parfois, cela finit mal. Croisons les doigts pour que cette fois nous assistions à un happy end. Rendez-vous au prochain round ! Au final, un compromis devra être trouvé.
Pour entamer nos rubriques hebdomadaires, débutons pour changer par une bonne nouvelle : après des années de négociations, de voltefaces et autres facéties dont la Breaking (RE)NEWS s’est parfois faite l’écho, les parlementaires européens ont finalement adopté pour de vrai la directive sur le devoir de vigilance. Une « révolution juridique », affirme Novethic, qui permettra bientôt, disons vers 2027, le temps qu’elle soit traduite dans les droits nationaux -ce qui promet encore d’âpres batailles-, d’encadrer le respect des droits humains et des droits environnementaux par les grandes et les plus grandes des moyennes entreprises. La directive CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive), dite CS3D ce qui est immédiatement plus clair instaure pour les grandes entreprises européennes ou opérant en Europe une obligation de garantir le respect des droits humains, sociaux et environnementaux tout au long de leur chaîne de valeur, y compris chez leurs fournisseurs et les fournisseurs de leurs fournisseurs. Sont concernées les firmes ayant plus de cinq mille salariés ou un chiffre d’affaires supérieur à 1,5 milliard d’euros, suivies, à partir de 2029, par celles ayant plus de mille salariés. Cette directive constitue une extension de la loi française du 27 mars 2017 (loi n° 2017-399), la fameuse CSRD. Mais Louise Curran, professeure de stratégie, souligne dans une tribune au Monde que la directive adoptée le 24 avril « va bien plus loin » que la loi française, qui donne déjà des sueurs froides à quelques Directeurs RSE n’ayant pas encore suivi les webinaires de (RE)SET sur ce thème. Pour faire court et sans spoiler les prochaines formations sur le sujet, la CS3D concernera à terme nettement plus d’entreprises et, surtout, le non-respect des critères entraînera des sanctions de toutes sortes, notamment financières, dissuasives. Elle permettra aussi à de nombreux procès de prospérer, le cas échéant… A titre d’exemple, l’action en justice récemment lancée par la République Démocratique du Congo contre Apple, accusé d’utiliser dans ses Iphones des « minerais de sang », et à laquelle Géraldine Poivert faisait cette semaine référence sur LinkedIn, gagnerait à ce que la CS3D soit déjà en place.
Le secteur de la semaine est la filière maritime. Ou pourrait l’être. Car dans le grand article que lui consacre Le Monde, titré « La filière maritime réfléchit à sa révolution verte », le mot important est finalement « réfléchit ». En d’autres termes, la révolution est encore loin et pour reprendre une citation de l’article : « Pour l’instant, la décarbonation du transport maritime relève surtout du marketing ». Dix ans après la voiture et l’avion, le bateau, absent de l’accord de Paris de 2015 sur le changement climatique, est tout juste en train de prendre conscience de l’effort qu’il va devoir fournir. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, mais il est bien tard quand même !
Dans un autre secteur, la tech, la prise de conscience de la semaine concerne l’IA. L’intelligence artificielle, c’est bien, mais cela consomme de l’énergie qui n’a rien d’artificiel, nous explique La Tribune. Créer une image via une intelligence artificielle consomme autant d’énergie que de recharger un smartphone à bloc ! C’est ce que montre une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’université Carnegie Mellon et la jeune pousse de l’intelligence artificielle (IA) Hugging Face. Très gourmands en données, les nouveaux modèles d’IA générative font rapidement grimper la facture énergétique. L’Agence internationale de l’énergie prévoit ainsi que la quantité d’énergie requise pour faire fonctionner l’IA va doubler d’ici 2026. Une inflation qui s’explique notamment par l’entrée sur le marché de nouvelles puces plus puissantes pour entraîner et faire tourner les grands modèles de langage (LLMs), piliers de l’IA générative
Dans le secteur cette fois automobile, l’image de la semaine nous vient de Chine. Sur la photo ci-dessous, ce sont des milliers de voitures électriques qui sont parquées avant d’être exportées vers le reste du monde. Un parking qui devient problématique une fois que ces véhicules arrivent à leur lieu de vente, qui ne bénéficient pas forcément d’autant d’espace disponible, d’autant que les stocks explosent. Ainsi, en Belgique, les ports débordent de voitures électriques chinoises, où elles stationnent parfois plus d’un an, comme en atteste ce reportage du Monde.
Elle sont donc très nombreuses et, par suite, la menace existentielle de la semaine, comme disent les journalistes du Monde, est posée par… l’automobile électrique chinoise. Le journal rappelle que la grande affaire de Jacques Calvet (1931-2020), emblématique patron de PSA de 1984 à 1997, a été la résistance à l’invasion japonaise. Son lointain successeur, Carlos Tavares, est en lutte contre le déferlement de la Chine. Pas un jour sans qu’il alerte sur le « tapis rouge » que l’Europe déroule sous les roues des constructeurs chinois. L’éditorialiste du Monde conclut pourtant sur une note optimiste. L’ « invasion japonaise » n’a pas empêché les constructeurs européens de se développer et celle de la Chine donne une nouvelle opportunité au secteur de montrer sa capacité de réaction et d’adaptation… On y croit ! Mais en restant lucide car une étude du cabinet américain Rhodium, dévoilée par le Financial Times, lundi 29 avril, et reprise par Le Monde montre en creux l’avance ébouriffante de l’industrie chinoise. Selon ces analystes, si les Européens décrétaient une taxe de 30 % sur les véhicules électriques chinois, ces derniers gagneraient encore beaucoup plus d’argent qu’en Chine où ils vendent leurs voitures deux fois moins cher qu’en Europe. Les Tesla made in China seraient, elles, dans le rouge à partir d’une taxe de 15 %. Un utile rappel pour Elon Musk, en voyage à Pékin. Il faudra bien plus que les sourires du camarade Li Qiang pour arrêter la machine électrique chinoise.
Changement de secteur encore, avec la destruction de la semaine qui nous emmène dans l’agro-alimentaire. Le secteur de l’eau en bouteille n’en finit pas d’être condamné à se réinventer, confronté aux PFAS, à la pollution, … Cette fois, le groupe Nestlé fait de nouveau la « Une » avec ses bouteilles Perrier. Nestlé a ainsi dû détruire deux millions de ses bouteilles vertes, après la découverte de bactéries sur son site de captage d’eau de Vergèze, dans le Gard. Le préfet a ordonné au groupe de ne plus utiliser l’eau de ce puits jusqu’à nouvel ordre, rapporte France Info. Longtemps, les bulles minérales et la fraîcheur naturelle de Perrier ont été vantées. Jusqu’à ce qu’intervienne ce que Nestlé nomme « une déviation microbiologique ponctuelle ». De son côté, le préfet du Gard a moins d’égards terminologiques en parlant, lui, de « contamination d’origine fécale« . Question annexe, à laquelle l’auteur de ces lignes n’a pas de réponse : les « deux millions de bouteilles détruites » ont-elles bien, au moins, été recyclées ?
Restons dans l’eau, mais à l’état vraiment naturel cette fois, avec le livre de la semaine, dédié à cette ressource qui nous est chère, chez (RE)SET. Un essai riche et dense, au titre percutant et définitif : « La Fin de l’eau ». Entre inondations et sécheresses, pénuries et contaminations, aucun pays n’échappe aux crises de l’eau. La précieuse ressource subit les incidences cumulées du changement climatique et des pollutions agricoles et industrielles. Enseignant en sciences de gestion, Simon Porcher s’intéresse, depuis plusieurs années, à la gouvernance de ce qu’il désigne à la fois comme une « ressource commune », un « bien marchand » et un « service public ». Il dresse un état des lieux inquiétant, néanmoins assorti de propositions pour agir. Et notamment une, provocante, concernant les opérateurs : afin de lutter contre le gaspillage, pourquoi ne pas « changer de modèle économique » en rémunérant les opérateurs, non plus au volume vendu mais en fonction de leur capacité à diminuer la consommation et la pollution, et de chasser les fuites dans les réseaux ?
Côté biodiversité, l’inquiétude de la semaine concerne nos forêts, et donc nos réserves de bois, ou de ressource en pulpe, pour les intimes. Au moins un tiers des espèces d’arbres européennes seraient inadaptées au réchauffement climatique, selon une étude récente, parue dans la revue Nature Ecology & Evolution et citée dans Le Monde. Pour une région donnée, le nombre d’espèces natives européennes adaptées dès à présent et jusqu’à 2100 va se réduire fortement. Le changement climatique présente un défi complexe pour les écosystèmes forestiers. En moyenne, selon les résultats de l’étude, le nombre d’essences par kilomètre carré à même de traverser le siècle diminuerait d’environ 33 % par rapport au nombre d’essences actuel, dans le scénario le moins sévère ; de 38 % dans un scénario intermédiaire (neuf essences pourraient être plantées par kilomètre carré) ; et de 49 % si le réchauffement était encore plus sévère. L’impact diffère selon les zones géographiques : l’Europe du Nord et l’Europe de l’Ouest devraient être plus affectées que le centre et l’est du continent. Les régions montagneuses seraient également relativement épargnées.
Biodiversité toujours, l’étude de la semaine, que l’on trouve dans Libération, est à la fois optimiste et pessimiste, comme quoi « la transition c’est compliqué » (running gag). Côté positif, il s’avère que les mesures de conservation sont utiles et même globalement efficaces. La défense de la biodiversité, ça marche ! La conclusion de la dernière étude de Penny Langhammer, professeure associée à l’Université d’Arizona et vice-présidente de l’ONG Re : Wild, parue dans le magazine Science fait donc plaisir à lire. Et elle est a priori plutôt solide, puisqu’elle s’appuie sur l’analyse des résultats de 186 études évaluant les résultats d’action de conservation partout dans le monde. Mais si les actions de conservation sont efficaces, les efforts globaux pour stopper la chute de la biodiversité restent très insuffisants. Et la biodiversité continue de se dégrader à un rythme échevelé. L’étude estime entre 178 et 524 milliards de dollars annuels le plan d’investissement nécessaire pour contrer ces dégradations. Un coût très inférieur aux services apportés par la biodiversité, rappelle l’article. De fait, la moitié du PIB mondial dépend, plus ou moins, des ressources naturelles.
Biodiversité encore, la petite bête de la semaine qui mériterait d’être moins chassée est le renard. Dans une tribune au Monde, deux spécialistes de la star des contes pour enfants appellent les autorités à interdire sa chasse, pour l’heure non régulée. Et prennent pour exemple la Suisse, où la chasse au renard est interdite depuis 1974, sans qu’aucune prolifération ou impact néfaste n’ait été recensé. Le renard, animal gracieux et discret de nos prairies, est le gardien des écosystèmes et joue un rôle crucial dans le maintien de la biodiversité. Sa présence permet de réguler les populations de micromammifères et évite ainsi la prolifération de maladies ; un équilibre fragile que la chasse vient compromettre.
Biodiversité enfin, l’autre petite bête de la semaine menacée est un poussin. La fonte de la banquise antarctique décime les poussins des manchots empereurs, alerte RTL. La disparition de plus en plus précoce de la glace pendant l’été austral provoque la mort de très nombreux oisillons, rapporte une étude britannique publiée le 25 avril. Leur plumage juvénile ne leur permet pas de survivre dans les eaux très froides. Certaines colonies ont perdu la quasi-totalité de leurs poussins.
Le danger mortel de la semaine nous rappelle qu’il n’y a pas que les animaux qui sont fragilisés. Il y a aussi les journalistes suivant les questions environnementales. Pour être honnête, ce danger reste faible en France mais au niveau mondial, ce sont plus de 70 % des journalistes de 129 pays traitant de ces questions qui ont affirmé avoir été victimes de menaces, de pressions ou d’attaques, alerte l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) dans une enquête dévoilée vendredi 3 mai, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. L’Unesco rappelle qu’au moins quarante-quatre journalistes traitant des questions environnementales ont été tués depuis 2009 dans quinze pays, dont trente en Asie-Pacifique et onze en Amérique latine ou dans les Caraïbes. Quelque vingt-quatre ont survécu à des tentatives de meurtre et seulement cinq assassinats ont donné lieu à des condamnations, soit « un taux d’impunité choquant de près de 90 % », insiste l’Unesco. Dites à vos enfants de faire des études de design ou de devenir conducteurs de trains, c’est moins dangereux.
L’anniversaire de la semaine est celui de l’auteur de ces lignes, ce qui est assez anecdotique on en convient et on lui préférera donc le 100e de Total/TotalEnergies, qui fait grincer quelques dents. « Pionniers depuis 100 ans » : c’est le slogan retenu par notre pétrolier préféré, auquel d’aucuns préfèrent « Total, 100 ans de chaos climatique ». De fait, l’entreprise, qui a menacé d’expatrier sa cotation à New York au grand dam de l’Elysée est, comme le rappelle Novethic, championne des poursuites en tous genres : il est difficile de tenir le compte des affaires lancées contre elle. Recours pour pratiques commerciales trompeuses, demande de réparation pour violations des droits humains en Ouganda et en Tanzanie, plaintes au pénal, procédures au titre du devoir de vigilance, commission d’enquête sénatoriale, … Tout cela n’empêche pas la « major » de poursuivre son bonhomme de chemin et même d’amplifier ses efforts puisque l’entreprise est celle qui a approuvé le plus de projets pétroliers et gaziers en 2022 dans 53 pays. Elle est ainsi impliquée dans 33 bombes climatiques, des projets super-émetteurs à plus d’un milliard de tonnes de CO2, qui vont sérieusement mettre en péril l’objectif 1,5°C. « C’est sans aucun doute cela que l’Histoire retiendra », conclut Novethic…
La tricherie de la semaine concerne les majors pétrolières qui ont trouvé le moyen de tromper la vigilance des satellites. Libération, reprenant le Gardian, nous explique pourquoi les émissions et fuites liées au méthane (CH4), à l’origine de marées noires atmosphériques invisibles aux quatre coins du monde, ont encore de beaux jours devant elles. D’après une enquête du Gardian, réalisée avec l’ONG américaine Earthworks, les industriels du secteur gazier et pétrolier investissent désormais dans des équipements empêchant les scientifiques de détecter avec précision les gaz à effet de serre et les polluants générés par la combustion du CH4. Concrètement, le système des torchères, visibles par satellite, est progressivement remplacé par des chambres de combustion fermées (« enclosed combustors »), de plus en plus souvent installées aux Etats-Unis et en Europe, notamment au Royaume-Uni, en Allemagne et en Norvège, invisibles du ciel. Toutefois, précise l’ONG, « si les émissions générées ne sont pas détectables par les technologies d’aujourd’hui [les pics de CO2 sont plus difficilement identifiables que ceux de méthane, ndlr], elles le seront par celles de demain : des programmes satellitaires hyperspectraux sont en cours. On joue au jeu du chat et de la souris. Pour ceux qui trichent, ce n’est qu’un répit de quelques années. »
L’audace de la semaine nous vient de la société TEFAL, qui dans une nouvelle campagne publicitaire appuyée par son site nous informe qu’il n’y a plus de TEFLON dans ses poêles [cela tombe bien, il est formellement interdit depuis des années, après des décennies de combat de ses promoteurs, notamment TEFAL, pour reculer cette interdiction] et qu’elles ne contiennent que du PTFE, qui « a tout pour plaire ». Pour rappel, le PTFE fait partie de la famille des PFAS et son innocuité est discutée par un nombre croissant d’études scientifiques, comme le rappelle à juste titre l’Agence France Presse : « Comme l’ont expliqué agences sanitaires et experts à l’AFP, les données sur ce PTFE sont incomplètes et/ou anciennes. Pour autant, en l’état actuel des connaissances, il n’y a pas de « signal d’alerte » et les autorités jugent son impact sur la santé « négligeable ». Les scientifiques rappellent qu’en cas de mauvaise utilisation, l’innocuité de la substance n’est plus garantie, et les PTFE sont très persistants dans l’environnement. » Bref, de possibles procès en perspective. Bon, cela devient compliqué, d’acheter une poêle.
La devinette de la semaine dernière nous laisse les pieds dans l’eau. Où cette photo avait-t-elle bien pu être prise ? L’indice était qu’il y a fait généralement très chaud et… horriblement sec. La réponse a été aisément trouvée, car la rareté du phénomène lui a assuré une couverture médiatique hors norme : Dubaï bien sûr ! Où il est tombé en quelques heures l’équivalent de deux ans de pluie… Les services officiels ont affirmé que les avions ensemençant les nuages pour y condenser la pluie, opérationnels sur place ces jours-là, n’y étaient pour rien. On espère pouvoir les croire.
La devinette de cette semaine est également une photographie, dont il vous est demandé de deviner quel moment elle fige sur pellicule, comme on disait quand il y avait encore des pellicules. L’indice : non, ce n’est pas en Ukraine !
Bonnes lectures et bon week-end ! [Pour rappel, (RE)SET, fondé en 2019, est le premier cabinet de conseil indépendant dédié à la transition économique et environnementale et taillé pour l’action. « (RE)SET : resources to win environmental and economic battles ! » Forcément partielle, parfois partiale, toujours engagée, cette revue des médias au ton souvent enlevé, voire impertinent, n’engage aucunement (RE)SET dans ses activités de conseil mais elle brosse un portrait que nous estimons intéressant de l’état de la transition telle qu’elle transparaît dans la presse et les travaux de recherche. Une photographie du débat, des forces en présence, des oppositions, des convergences, que nous espérons utile à vos décisions et à la construction de vos stratégies de transition.]