Bonjour,
La principale nouvelle de la semaine, ce n’est pas la tenue des élections européennes, encore moins la visite concomitante de Joe Biden et de Volodimir Zelensky à Paris, ni même les nouveaux records mondiaux de température. Non, la nouvelle de la semaine, c’est cela :
Oui, vous avez bien lu, (RE)SET accélère encore sa croissance en rejoignant le groupe Julhiet Sterwen ! Ensemble, ils créent la référence du conseil en transitions durables. Julhiet Sterwen, fondé en 2015 par Marc Sabatier et Thierry Auzias, est un des leaders du conseil en stratégie, transformation et innovation. A eux deux, Julhiet Sterwen et (RE)SET rassemblent désormais toutes les dimensions du développement durable ! Quelle forme prend ce rapprochement ? Celle d’un échange capitalistique. Julhiet Sterwen devient le premier actionnaire de (RE)SET et simultanément les associés fondateurs de (RE)SET investissent dans le capital de Julhiet Sterwen, dont ils rejoignent la communauté des associés. (RE)SET demeure (RE)SET ! Avec son ADN, son énergie, ses méthodes et expertises, de même que son équipe dirigeante. Mais (RE)SET devient plus que (RE)SET, avec la possibilité d’ajouter de nouvelles touches à sa palette, de nouvelles cordes à son arc, bref, de nouvelles offres et des services supplémentaires à ses clients et partenaires. Comme l’explique Géraldine Poivert, Présidente de (RE)SET, interviewée sur BFM, ce rapprochement vise à « aller plus vite, plus loin et avoir de l’impact », poursuivant : « la transition, c’est comme le tabouret, pour qu’il tienne bien il a besoin de trois pieds : le pied économique, le pied environnemental et le pied social. Cela nous permet de devenir LA référence de toutes les transitions durables. C’est un mariage d’amour et de raison » Longue vie aux jeunes mariés !
Bon, il se passe aussi d’autres choses dans le monde, soyons honnêtes. Et notamment des élections. Rappelez-vous, au moins ceux qui étaient en âge de voter, c’était en 2009, six ans avant les Accords de Paris, en pleine vague de climato scepticisme. Cette année-là, Daniel Cohn-Bendit, devenu « Dany Le Vert », était tête de liste du parti écologiste, en France. Et sa liste terminait deuxième des élections, à 20,9%. Aujourd’hui, comme le dit Libération dans son style inimitable, « les Verts sont à moitié vides » et se demandent s’ils passeront la barre fatidique des 5%. Que s’est-il passé ? L’environnement et la transition ont-elles disparu de l’agenda politique ? Les électeurs ne seraient-ils plus intéressés par le sujet ? Pas du tout ! C’est même exactement l’inverse qui s’est produit et c’est une bonne nouvelle : toutes les listes, désormais, intègrent l’environnement et la transition dans leurs programmes, tant le sujet concerne les citoyens-électeurs-consommateurs. Bien sûr, intégrer la dimension environnementale ne veut pas forcément dire vouloir aller plus vite, plus loin dans la transition. Cela peut même être l’inverse. Et les sondages, en France comme dans l’ensemble des pays de l’UE, semblent montrer une certaine appétence pour le moins-disant environnemental. Ce qui pourrait sembler en contradiction avec toutes ces enquêtes qui montrent que la prise de conscience des urgences de la transition économique et environnementale est bien réelle, tant par les citoyens que part les entreprises. Et laisse à penser que, à un moment ou un autre, la nécessaire explication des décisions prises, à Bruxelles comme à Paris, n’a pas été correctement faite. Au point de faire le lit des fantasmes d’« écologie punitive » qui font flores depuis au moins un an. D’où l’intérêt, peut-être, de « faire une pause », comme on dit à l’Elysée. En espérant que cette « pause » sera mise à profit pour faire preuve de pédagogie.
En attendant, les programmes des différentes listes en présence ont, pour la France, été décryptés par Réseau Action Climat et les conclusions rejoignent celles de la plupart des comparateurs qui ont fleuri ces derniers jours. Sans surprise, si vous êtes plutôt sensibles à la nécessité d’aller de l’avant vers une transition économique et environnementale maîtrisée, il vaut mieux éviter de voter trop à droite. Répétons-le pour être sûr d’être entendus : ce n’est pas l’auteur de ces lignes qui le dit, moins encore (RE)SET, juste de froids comparateurs ! Parmi les autres comparateurs consacrés à la transition écologique et sociale, il y a aussi celui du WWF qui a envoyé un questionnaire aux partis politiques. A la question de savoir si le Pacte vert doit être maintenu comme l’une des principales priorités politiques du prochain mandat, les résultats confirment un fort soutien des listes PS-PP, EELV-LE, LFI. Besoin d’Europe et LR ne répondent pas explicitement à la question. Le RN affirme lui qu’il ne maintiendrait pas le Pacte vert comme une priorité politique. Reconquête va plus loin en appelant à abroger l’ensemble des mesures du Pacte vert, à supprimer tout financement à l’éolien et à construire des bassines et retenues d’eau. Voilà, cela a le mérite d’être clair.
Heureusement, comme l’indique la dernière analyse de la Fondation Schuman déjà mentionnée dans la précédente Breaking (RE)NEWS, les grands équilibres politiques au sein du Parlement Européen ne devraient pas être très différents, la semaine prochaine, de ce qu’ils étaient cette semaine. L’alliance des conservateurs, des sociaux-démocrates et des libéraux devrait, avec une petite marge, continuer de diriger l’Europe. Le Green Deal devrait pouvoir entamer sa deuxième étape, même si sans doute à un rythme plus lent.
Pour entamer nos rubriques hebdomadaires, débutons par notre préférée : la météo ! Et celle-ci ne milite pas forcément pour ralentir le rythme de la transition. Car il semble que la machine s’emballe plus vite que prévu. On savait déjà que l’été 2023 avait était le plus chaud jamais enregistré depuis deux mille ans dans l’hémisphère Nord en dehors des tropiques. On sait désormais que la tendance s’accélère, à en croire au moins la récente mise à jour des analyses du GIEC par un groupe international de 59 scientifiques de renom, issus de 44 institutions. Selon Le Monde, qui en reprend les conclusions, « le rythme du réchauffement climatique est plus rapide que jamais ». La température s’élèverait désormais à de 0,26 degrés par décennie, contre 0,18 anticipés. Autre résultat majeur de l’étude : le budget carbone (plafond d’émissions) disponible pour conserver 50 % de chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, comme prévu par l’accord de Paris, s’épuise rapidement. Il a été divisé par plus de deux par rapport à l’estimation du GIEC. Au début de l’année, il s’établissait à 200 milliards de tonnes de CO2 contre 500 milliards dans l’évaluation de 2021. Cela ne correspond plus qu’à cinq ans d’émissions au rythme actuel.
Et de fait, au niveau mondial, les cartographies continuent de se succéder, mois après mois, saturées de points rouges, comme celle-ci, publiée par Libération, concernant le dernier moi connu, mai :
Cette fois-ci, la moyenne de la température mondiale est montée à 15,91 °C, franchissant symboliquement de +1,52°C la moyenne estimée du mois de mai pour la période de référence préindustrielle 1850-1900. L’occasion pour notre whistleblower préféré de tirer à nouveau la sonnette d’alarme : « Nous jouons à la roulette russe avec notre planète. Non seulement nous sommes en danger, mais nous sommes le danger », a déclaré ce mercredi le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, António Guterres, lors d’un discours au Muséum d’histoire naturelle de New York pour la Journée mondiale de l’environnement. De fait, les Indiens et les Pakistanais en sont bien conscients, qui viennent de vivre leur pire période caniculaire, avec un pic à plus de 52° dans la banlieue de New-Delhi et 53% à la frontière indo-pakistanaise. Des records historiques, bien sûr.
Pour clore ce chapitre « météo », et pour l’anecdote, sachez qu’en France, nous avons eu, pour utiliser l’expression la plus entendue ces dernières semaines et reprise par Le Parisien, « un printemps pourri », et même le plus pourri depuis 2008 selon les données officielles, si l’on se réfère à la quantité de pluie tombée. Le quatrième le plus pourri depuis 1959, pour être complet sur le sujet. A toute chose, malheur est bon : les nappes phréatiques françaises ont retrouvé de bien meilleurs niveaux que l’an dernier à la même époque, nous dit Libération Pour autant, la température est demeurée largement au-dessus des normes saisonnières habituelles. Voilà, grâce à la Breaking (RE)NEWS, vous avez désormais de quoi alimenter pas mal de « small talks ». Ne nous remerciez pas !
Pour rester dans les nuages, le conseil de la semaine est de maintenir vos ceintures de sécurité attachées quand vous prenez l’avion ! Car les turbulences ont augmenté de 55% depuis 40 ans et devraient tripler dans les 30 prochaines années, la faute, là encore, au réchauffement climatique… Un exemple dramatique en a été donné par le vol SQ321 de Singapore Airlines en partance de Londres : 70 blessés et un mort. Cette affaire de turbulences n’est pas anecdotique. Et elle coûte cher ! « Les compagnies aériennes devront commencer à réfléchir à la manière dont elles géreront l’augmentation des turbulences, car elles coûtent à l’industrie entre 150 millions et 500 millions de dollars [entre 138 millions et 460 millions d’euros] par an, rien qu’aux Etats-Unis, prévenait le chercheur Mark Prosser, premier auteur d’une étude sur le sujet, cité dans Le Monde. Chaque minute supplémentaire passée à traverser des turbulences augmente l’usure de l’avion, ainsi que le risque de blessures pour les passagers et l’équipage. »
Revenons sur terre, et même en dessous, avec la découverte de la semaine, dont on ne sait si elle est bonne ou mauvaise. La Russie aurait découvert 511 milliards de barils de pétrole dans l’antarctique, nous dit Le Figaro. L’or noir en question se trouverait principalement dans l’Antarctique britannique, une vaste zone inhabitée d’1,7 million de km2 également revendiquée par le Chili et l’Argentine. Petit problème (ou solution !) : cette zone est interdite à l’exploitation. Le traité sur l’Antarctique de 1961, auquel la Russie est partie, interdit strictement l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures dans cette région du monde. 511 milliards de barils, ce n’est pas rien. Le monde entier consomme environ 36 milliards de barils de pétrole par an, d’après l’Energy Institute Statistical Review of World Energy 2023, tandis que le Telegraph rappelle que ces 511 milliards de barils représentent « 10 fois la production totale de la mer du Nord sur 50 ans ». Croisons les doigts que la raréfaction des réserves pétrolières ne poussera pas, un jour, à revenir sur le traité de 1961…
En attendant, notre Rubrique Total a l’occasion de s’enrichir, avec la dernière Assemblée Générale du pétrolier français. « Faut-il démanteler TotlaEnergies ? », faisait mine de s’interroger gravement l’économiste Maxime Combes, dans les colonnes de Libération, le jour de l’AG. Confronté à une fronde d’une partie ses actionnaires et à des activistes mobilisés autour du siège de La Défense, Patrick Pouyanné a pourtant enfoncé le clou, raconte Libération: « La réalité du monde dans lequel nous vivons est encore malheureusement un monde d’énergies fossiles et ce n’est pas Total qui a décrété que les voitures marchent avec de l’essence. » Au final, un quart des actionnaires s’est exprimé contre la reconduction du mandat du patron de TotalEnergies (il est donc toujours en place, nous rappelle Novethic) et 173 personnes ont été interpellée par la police.
Dans le même esprit, la fronde s’étend au sein de l’actionnariat de Shell comme des autres « majors » pétrolières mondiales, toutes confrontées aux même défis lors de leurs récentes AG. Il faut dire que selon un rapport de l’ONG Oil Change International, publié mardi 21 mai, aucune des huit majors pétrolières et gazières internationales – Chevron, ExxonMobil, Shell, TotalEnergies, BP, Eni, Equinor et ConocoPhillips – n’a de plan climat aligné sur l’Accord de Paris et encore moins sur la décision récente de la COP28 de sortir des énergies fossiles. Six d’entre elles (Chevron, ExxonMobil, TotalEnergies, ConocoPhillips, Equinor et Eni) ont même un objectif explicite d’augmenter la production de pétrole et de gaz à court terme. A elles seules, ces huit entreprises sont en passe d’utiliser 30% du budget carbone restant, soit les émissions de gaz à effet de serre que le monde peut rejeter, pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5°C.
Sous-sol toujours, la dépendance de la semaine est celle en matières premières critiques de la transition, en particulier les métaux et autres terres rares. Dans un dossier passionnant, Le Monde dévoile comment les minerais critiquent attisent désormais les rivalités entre grandes puissances installées et celles en devenir… Là comme souvent, une bonne infographie fait mieux qu’un long discours :
Souveraineté minière encore, l’interview de la semaine nous est également proposée par Le Monde, qui a posé de bonnes questions à Christel Bories, PDG de Eramet, premier acteur français dans la compétition mondiale dans ce secteur, s’attirant de bonnes réponses : « Ne rêvons pas, la France et l’Europe n’ont pas de vastes ressources minières. Même si on exploitait au maximum tous les projets en cours, on ne réussirait à couvrir qu’environ 20 % des besoins européens. En revanche, il faut faire ce qu’ont fait les Chinois, les Japonais ou les Coréens : tisser des partenariats économiques et politiques avec des pays producteurs pour sécuriser nos filières d’approvisionnement. L’Europe a beaucoup à apporter à ces pays, notamment ses règles de responsabilité sociale et environnementale des entreprises que d’autres ne prennent pas en compte. Nous avons des pratiques responsables, nous faisons attention à l’environnement et aux communautés locales. Ces pays producteurs ne vous laisseront pas éternellement opérer chez eux si vous n’apportez pas d’autres choses que de l’argent et des emplois. » Et de poursuivre, interrogée sur la rivalité avec la Chine : « La Chine n’a pas non plus toutes les ressources sur son sol. Elle n’a pas de nickel, de lithium, de cuivre, par exemple. Mais elle a compris très tôt que les métaux allaient être la matière première de la souveraineté économique et industrielle du XXIe siècle, et qu’elle devait aller les chercher là où ils sont et prendre le monopole de leur traitement. »
Quoi qu’il en soit, l’approvisionnement en ces minerais risque fort de devenir toujours plus problématique, ce qui pousse les entreprises, et singulièrement les fabricants de batteries, à chercher des alternatives, et elles existent ! L’alternative de la semaine a pour noms soufre, fer et sodium, plus abondants, moins difficiles à extraire, aux effets secondaires mieux maîtrisés et plus facilement recyclables que d’autres. Vive les métaux low cost, comme titre Le Monde ! Et la prise de conscience est bien là, comme l’a montré l’annonce cette semaine la suspension des investissements du fabricant de cellules de batterie AAC, dont le premier actionnaire est Stellantis. Ses deux projets de gigafactories en Allemagne et en Italie, sont donc en attente afin de bifurquer une partie de sa production vers la technologie de batteries LFP, plus « low cost », comme le révèle L’Usine Nouvelle. L’entreprise motive sa décision de retarder ses plans par le besoin d’adapter son portefeuille technologique aux demandes du marché. En clair : les batteries lithium-ion NMC (nickel manganèse cobalt) qu’elle souhaitait jusqu’à présent construire dans l’ensemble de ses usines ne sont pas la panacée, et cette technologie nécessite d’être secondée. Très populaires en raison de leur faible coût malgré une plus faible densité énergétique que leur équivalent NMC, les batteries de type LFP (phosphates de fer lithié) sont pour l’heure le choix le plus rationnel.
Le concept de la semaine est le « 0DDwashing ». A en croire l’état des lieux réalisé par la Plateforme RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises), division de France Stratégies dédiée à la question de la prise en compte des enjeux de durabilité par les entreprises, rendu public en mai, les ODD (Objectifs du Développement Durable) sont encore mal intégrés dans les démarches RSE des entreprises, contribuant dès lors peu à la transition écologique et sociale. “A peine 20% des cibles des objectifs de développement durable (ODD) seront atteintes d’ici 2030 si la trajectoire actuelle est maintenue” s’inquiètent les auteurs, cités par Novethic. Depuis leur adoption en 2015 par l’Organisation des Nations Unies, les 17 ODD servent de boussole pour la transition écologique et sociale des différents acteurs publics et privés dans le monde. L’analyse des experts de la Plateforme RSE est sans appel : “peu d’entreprises utilisent les ODD et leurs cibles comme des leviers de transformation de leurs modèles d’affaires” et comme levier de durabilité globale. Pire : les études “montrent une très faible contribution positive des entreprises aux objectifs de développement durable”, comme le soulignent les auteurs. En cause notamment, “les faibles budgets alloués à la RSE” dans les entreprises, et “le manque de moyens humains dédiés”, qui ne permettent pas de créer une dynamique sérieuse de prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une ETI-grande entreprise sur deux déclare avoir moins d’un demi équivalent temps plein consacré aux sujets RSE. Heureusement, (RE)SET est là pour les aider
Un peu dans le même esprit, l’ONG Oxfam vient de publier l’étude de la semaine, selon laquelle les entreprises du CAC 40 prises dans leur ensemble consacrent quatre fois plus de leurs bénéfices à soigner leurs actionnaires qu’à financer leurs investissements verts. Joliment intitulée « Une France à (CAC) 40 degrés », l’étude souligne que les 4 entreprises non financières les moins alignées avec le respect des Accords de Paris sont TotalEnergies, Safran, Airbus et ArcelorMittal. Celles qui sont le plus susceptibles de respecter l’Accord de Paris sont Alstom et Legrand. Mention spéciale, et positive, pour le Crédit Mutuel et la MAIF.
Cac 40 toujours, mais cette fois analysé sous un autre angle, avec l’indice Vérité 40. « L’indice Vérité 40 est-il l’avenir du CAC 40 ? », s’interroge le magazine Challenges. Fondé par la société de gestion Axylia, cet indice réunit les 40 entreprises françaises cotées sur le SBF 120 et répond à la question : pourraient-elles payer leur facture carbone à partir de leur rentabilité financière ? Pour cela, Axylia multiplie la totalité des émissions, y compris indirectes, des sociétés par un prix estimé de la tonne carbone à 142 euros (chiffre défini par le GIEC). Il donne ensuite à chaque entreprise un score allant de A à F. Celles en tête de l’alphabet ont une meilleure capacité d’absorber les coûts liés au carbone. « C’est une méthodologie simple, à rebours des notations ESG d’une complexité abyssale », vante Vincent Auriac, le président d’Axylia. Au final, une petite moitié des entreprises du CAC 40 seraient toujours profitables après avoir réglé leur « facture carbone ». Résultat, nous dit Challenges : exit dix-huit monstres du CAC 40, dont bien sûr TotalEnergies, mais aussi Stellantis, Engie, Accor, Publicis, ArcelorMittal, Carrefour ou encore Safran. Les plus grosses factures vont à Airbus (58 milliards d’euros) et Michelin (21 milliards). Si bien qu’avec leurs résultats opérationnels respectifs de 5,84 et 2,65 milliards d’euros en 2023, il faudrait dix ans à l’avionneur et presque huit ans au géant du pneumatique pour les rembourser ! Faute de données publiques, les banques BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, et l’assureur Axa sont exclus de l’indice. A l’inverse, L’Oréal, Hermès, la Française des jeux, Euronext, Danone, Orange et EssilorLuxottica font partie des bons élèves. Avec quelques surprises : Dassault Systèmes, Unibail-Rodamco-Westfield, Thales, Sanofi, Bouygues ou encore Saint-Gobain. « Leur présence dans l’indice ne veut pas dire qu’ils ne polluent pas, explique Vincent Auriac, mais qu’ils sont suffisamment rentables par rapport à leurs émissions de CO2. »
La médaille olympique de la semaine est délivrée par anticipation à Coca-Cola, meilleur compétiteur mondial en termes de greenwashing, selon France Nature Environnement, comme nous l’annonce L’Usine Nouvelle. De fait, il y a un brin d’hypocrisie dans les annonces faites sur l’usage, pendant les prochains Jeux, de gobelets consignés en omettant de préciser qu’ils seront remplis par… 6 millions de bouteilles en PET à usage unique.
L’occasion de rappeler qu’un rapport de l’Assemblée Nationale vient de mener à bien l’évaluation de l’application de la loi AGEC. Ses conclusions sont mitigées. “Plusieurs dispositions de la loi sont peu appliquées, voire pas du tout appliquées, ne font pas l’objet de mesures de suivi ou de contrôle, ou se heurtent à divers blocages, que ce soit à l’échelle locale, nationale ou européenne”, soulignent les auteurs. Notamment, la réduction des déchets plastiques souffre de lenteurs. Si la législation prévoit de diviser par deux les bouteilles en plastique à usage unique mises sur le marché d’ici 2030, leur nombre a progressé de 4% entre 2021 et 2022. Afin d’inverser cette trajectoire, les parlementaires proposent d’imposer aux producteurs l’élaboration de plans de réduction. Plus globalement, les auteurs du rapport regrettent la concentration des efforts menées “sur l’aval du cycle de vie d’un produit, et notamment sur le tri, la collecte et le recyclage des déchets“ au détriment de “la prévention de la production de déchets, l’écoconception, et le réemploi ou la réutilisation.” Pourtant prioritaires dans la hiérarchie des modes de traitement, les leviers de réduction des déchets restent en effet “les parents pauvres de la loi”, disent-ils.
Jeux olympiques toujours, le « encore raté de la semaine » est l’entraînement des nageurs français dans la Seine : trop polluée, à nouveau, mais aussi trop agitée, avec de forts courants. Le résultat de séquences pluvieuses trop fréquentes, ces derniers temps – relire nos informations sur « le printemps pourri » au début de cette Breaking (RE)NEWS. Plus grave : la Maire de Paris, Anne Hidalgo, a dû annoncer le report de son propre bain. Mais elle ne renonce pas au principe, explique Libération : l’édile prendra bien son bain avant la tenue des JO, le 30 juin, jure-t-elle !
Plus sérieusement, à propos d’eau, la carte de la semaine nous est apportée par « Les Greniers d’Abondance » et elle traduit en chiffre la dépendance à l’eau de nos belles communes françaises. Elle a été réalisée en croisant les indicateurs « Prélèvement en eau », c’est à dire le volume en m3 utilisé de 2012 à 2020 sur chaque zone et la fréquence des « arrêtés sécheresse » sur les 5 dernières années. L’occasion de rappeler que sur la décennie 2010-2020, la consommation d’eau s’est répartie entre 58% pour l’agriculture ; 26% pour l’eau potable ; 12% pour l’énergie ; 4% pour toutes les autres industries. (INRAE) alors qu’en 1995, la répartition était différente : 43% pour l’agriculture, 42% pour l’eau potable et 15% pour le reste. La part des prélèvements agricoles sur l’eau a donc augmenté de façon considérable sur les dernières décennies, tandis que la part d’eau potable a chuté. En 5 ans, les prélèvements pour l’irrigation agricole ont augmenté de 22%, tandis que les arrêtés « sécheresse » ont été multipliées par 4. On pose la question : n’est-il pas temps de réfléchir à une agriculture moins dispendieuse en consommation d’eau ?
Eau toujours, le WWF lance l’alerte de la semaine dans un rapport rendu public à l’occasion de la Journée internationale de la biodiversité, et repris par Le Monde, sur le fait que moins de la moitié des rivières est en bon état écologique : 43,1 % en 2019, chiffre des agences de l’eau repris par l’ONG. Le WWF a voulu établir un état de santé de la vie dans les rivières en France métropolitaine en publiant un « indice rivières vivantes » fondé sur les données de programmes de surveillance. Il conclut à un déclin des populations de poissons et d’oiseaux observés depuis vingt ans, malgré les sommes colossales dépensées – estimées à 500 milliards d’euros pour la politique de l’eau. L’une des victimes de cette dégradation, la charmante cistude, une tortue d’eau douce dont les pattes sont recouvertes de petites taches jaunes, que vous avez peut-être eu la chance de croiser, nageant dans nos rivières :
La devinette de la semaine dernière semblait être ridiculement aisée mais ne l’était pas. Quel est le point culminant du monde ? L’indice était qu’il était inutile de tenter de vous rappeler vos cours d’école élémentaire, nous n’y auriez pas trouvé la bonne réponse. De fait, l’Everest, avec son sommet culminant à 8 849 mètres d’altitude est certes le point le plus élevé par rapport au niveau de la mer, mais pas par rapport au centre de la terre… Le « cosmographe », et enseignant à Sciences-Po Maxime Blondeau, nous révèle sur LinkedIn pourquoi le Mont Chimborazo, un volcan des Andes culminant à 6 263 m d’altitude au sud de Quito, la capitale de la République d’Equateur, est le vrai point culminant du monde : « (…) parce que la distance entre le Mont Chimborazo et le centre de la Terre est plus grande qu’avec l’Everest. C’est le point culminant, non pas depuis le niveau de la mer, mais depuis le centre du globe. Car la Terre n’est pas une sphère. Elle est ellipsoïdale. Le rayon de la Terre est d’environ 21 km plus grand à l’équateur qu’aux pôles, et le Chimborazo est pratiquement sur la ligne d’équateur, ce qui l’éloigne du centre, bien plus que les sommets de l’Himalaya. »
La devinette de la semaine est beaucoup plus « terre à terre ». Quelle est l’entreprise qui depuis cette semaine « pèse » plus que nos 40 fleurons français réunis au sein du CAC 40 ? L’indice : elle ne concerne ni le luxe, ni le secteur automobile, ni le pétrole, ni la finance. Indice supplémentaire, car on vous aime bien : son fondateur et toujours CEO est né à Tainan, capitale culturelle de Taïwan.
Bonnes lectures et bon week-end !
[Pour rappel, (RE)SET, fondé en 2019, est le premier cabinet de conseil indépendant dédié à la transition économique et environnementale et taillé pour l’action. « (RE)SET : resources to win environmental and economic battles ! » Forcément partielle, parfois partiale, toujours engagée, cette revue des médias au ton souvent enlevé, voire impertinent, n’engage aucunement (RE)SET dans ses activités de conseil mais elle brosse un portrait que nous estimons intéressant de l’état de la transition telle qu’elle transparaît dans la presse et les travaux de recherche. Une photographie du débat, des forces en présence, des oppositions, des convergences, que nous espérons utile à vos décisions et à la construction de vos stratégies de transition.]