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BREAKING (RE)NEWS DU 17 MAI 2024

Encore trois semaines ! Le temps d’une ou deux Breaking (RE)NEWS, avant les élections européennes ! Et on a hâte. Car le souffle de la transition en Europe et singulièrement en France se fait de plus en plus court. S’il faut en croire l’exclusivité des Echos, il a été demandé au ministère de la Transition écologique de trouver 1,4 milliard d’euros d’économies supplémentaires, dans le cadre du nouveau plan d’économies de 10 milliards d’euros annoncé par Bercy. Les arbitrages sont en cours à Matignon, et le point d’atterrissage pourrait se situer autour de 1 milliard d’euros. Pour citer Les Echos, « les milliards de la transition écologique s’envolent petit à petit. Après avoir déjà été lourdement mis à contribution lors du premier plan d’économies budgétaires annoncé en février, le ministère de la Transition écologique pourrait à nouveau faire les frais du deuxième plan ». Le projet de loi de finances pour 2024 affichait une certaine ambition en la matière, avec 7 milliards d’euros de nouveaux crédits (et 10 milliards d’engagements) consacrés cette année à la transition écologique. Le premier plan d’économies avait déjà amputé sérieusement cet objectif, en réduisant la hausse des crédits à 5 milliards, qui ne serait plus que, finalement, de 3,6 à 4 milliards d’euros.

Tout un symbole, alors que la fronde des Etats membres, en cette période pré-électorale, contre les éléments du Pacte Vert qu’ils avaient eux-mêmes entériné, se poursuit. Et les plus récents développements politiques, comme aux Pays-Bas avec un nouveau gouvernement formé autour de l’extrême droite climato-sceptique, ne vont pas dans le bon sens. Heureusement, la dernière analyse de la Fondation Schuman relativise un peu tout cela. Selon leur analyse pointue des sondages actuels dans la totalité des pays de l’UE, les grands équilibres politiques au sein du Parlement Européen ne devraient pas changer, sauf grosse surprise. L’alliance des conservateurs, des sociaux-démocrates et des libéraux devrait, avec une petite marge, continuer de diriger l’Europe. Soulagement pour la transition, peut-on espérer. D’autant que la défense du Green Deal s’organise !

Les voix se multiplient pour demander son approfondissement, notamment parmi les chefs d’entreprises. Près d’une quinzaine d’associations de chefs d’entreprise (dont le Mouvement Impact France et la Communauté des Entreprises à Mission) ont ainsi pris la plume, dans La Croix, pour signer une tribune aux accents clairs : «  Le besoin de poursuivre la transition – et donc de ne pas renoncer au momentum du Green Deal – est pourtant crucial à plus d’un titre. Renoncer, c’est mettre en danger le développement et la prospérité de cette économie pour le bien commun et de ces entreprises à l’avant-garde des transitions. Renoncer, c’est également mettre en péril les objectifs de durabilité de l’Union, et prendre le risque que l’Europe ralentisse davantage sa transition vers une économie plus inclusive, juste et verte. Renoncer, enfin, c’est privilégier le business as usual et miser sur la résilience des modèles économiques de nos entreprises européennes, mis pourtant à mal lors des crises de ces dernières années. En cela, c’est renoncer à des modèles plus économes en ressources, plus autonomes et vecteurs de cohésion sociale, par nature plus protecteurs des entreprises face aux chocs. » One ne saurait mieux dire !

Autres voix, et c’est bien le moins, celles des ONGS, à travers une lettre ouverte, aux accents plus alarmistes, signée par 150 d’entre elles, dont le WWF, France Nature Environnement, Greenpeace, les Amis de la terre, Oxfam, … Bref, Green Deal pas mort. Il restera à le rendre plus intelligible, plus concret, entraînant moins de bureaucratie, que ses objectifs soient mieux partagé par les citoyens-électeurs-consommateurs, si l’on veut que les élections européennes de 2029 soient moins stressantes que celles qui viennent !

Pour entamer nos rubriques hebdomadaires, débutons par notre rubrique préférée : la météo ! On savait déjà que les températures moyennes mondiales de juin, de juillet et d’août 2023 avaient été classées comme les plus élevées depuis le début des relevés à la fin du XIXe siècle, on sait désormais, grâce à une étude publiée mardi 14 mai dans la revue Nature, que l’été 2023 s’avère le plus chaud jamais enregistré depuis deux mille ans dans l’hémisphère Nord en dehors des tropiques. Mais comment le sait-on, puisque aucune mesure générale de température n’existait pendant la brève présence du Christ sur terre (pour ceux qui y croient) ? Les cernes des arbres ont parlé ! Pour remonter loin dans le temps, les chercheurs ont croisé les observations de température avec des reconstitutions du climat du passé. Ils ont utilisé l’une des archives climatiques les plus fines à l’échelle des saisons : les cernes des arbres, des anneaux qui apparaissent à l’intérieur des troncs et dont la largeur est corrélée avec la température de la saison de croissance, à savoir l’été. Ils permettent ainsi d’estimer les variations du thermomètre à l’année près. « Nous nous sommes basés sur quinze reconstitutions différentes des deux mille dernières années, à partir de milliers d’arbres dans neuf régions de l’hémisphère Nord », détaille Jan Esper, cité par Le Monde. Cette série de données provenant d’arbres vivants et morts (poutres, vestiges archéologiques…) est la plus complète et longue à ce jour.

Dans le même esprit, le communiqué de la semaine a été publié par deux grands instituts, l’Organisation météorologique mondiale et l’observatoire européen Copernicus, alertant sur l’importance du réchauffement sur le Vieux Continent. « Les trois années les plus chaudes jamais enregistrées en Europe se sont toutes produites depuis 2020, peut-on lire avant un constat sans appel : C’est le continent qui se réchauffe le plus rapidement, avec des températures qui augmentent environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale. » De fait, tous les endroits de la planète ne se réchauffent pas de la même manière. « C’est une des caractéristiques du système-Terre, les changements du climat ne sont pas uniformes dans l’espace, avec notamment des variations de température plus marquées sur les continents et au voisinage de l’Arctique, résume Aurélien Ribes, chercheur à Météo-France au Centre national de recherches météorologiques (CNRM, CNRS), cité dans Le Monde. C’était le cas lors de la dernière période glaciaire, et c’est également le cas à l’heure actuelle, avec des différences importantes sur l’amplitude du réchauffement climatique d’origine humaine selon les zones. »

L’utile rappel de la semaine nous vient de l’ADEME : « Il n’y a pas plus injuste que de ne pas faire de transition » ! La « transition juste », inscrite dans l’Accord de Paris, émettait un postulat clair : la lutte contre le réchauffement climatique doit prendre en compte ses impacts économiques et sociaux sur les populations et entreprises. Ce concept de transition juste est à la base de l’avis de l’ADEME intitulé : « Verdir l’économie et la société : l’ambitieuse trajectoire de la transition juste », récemment publié. Zoom sur un concept longtemps resté méconnu du grand public. Un avis qui aborde aussi les sujets qui fâchent. Celui des Gilets jaunes est mentionné ainsi par Patrick Jolivet, Directeur des études socio-économiques de l’ADEME: « les Gilets Jaunes ne refusaient pas les mesures environnementales en tant que telles, ils demandaient surtout à avoir accès à des alternatives, voiture électriques ou transports collectifs, pour ne pas voir exploser leurs dépenses contraintes en matière d’énergie ». Plus de transition, donc, et non l’inverse. Le mot de la fin revient à Solange Martin, sociologue à l’ADEME : « ne laissons pas croire que la transition écologique génère des injustices qui justifient l’inaction climatique. Car à terme, il n’y a pas plus injuste que de ne pas faire de transition ».

A ce propos l’injustice de la semaine, du mois et des dernières décennies est toujours la faim dans le monde, qui frappe toujours les mêmes. Et il n’y a pas que les humains qui sont tués ou rendus malade, la planète l’est aussi, pour les mêmes motifs, à en croire le dernier rapport de la Banque Mondiale, cité par Le Monde, qui l’affirme haut et fort : « Le système alimentaire mondial doit être réparé parce qu’il rend la planète malade. »  En cause : nos systèmes agricoles et agroalimentaires, qui doivent être réorientés « drastiquement » afin d’une part d’assurer une subsistance digne pour tous et d’autre part de cesser de dégrader l’environnement qui nous nourrit ! Rien de bien original dans les conclusions de la Banque Mondiale, qui dénonce notamment l’agriculture intensive basée sur des engrais et pesticides trop nombreux et toxiques.

La perche est trop manifestement tendue pour ne pas la saisir et l’on évoquera donc le « plan Ecophyto de la semaine » que vient de présenter le gouvernement et qui succède aux deux précédents – deux échecs manifestes. Vous pouvez le consulter ici. Vous y trouverez un changement majeur de critère retenu qui a pour principal intérêt de visuellement réduire sensiblement l’usage des pesticides en France. C’est peu dire que les scientifiques et soignants ne sont pas convaincus : au moins 600 d’entre eux viennent de signer une tribune dans Le Monde où ils disent tout le mal qu’ils pensent des nouveaux critères, dénonçant une méthode consistant à « casser le thermomètre » qui a peu de chance de soigner le malade… 

Le secteur de la semaine est incontestablement l’automobile, électrique si possible, avec la signature du contrat de filière avec l’Etat. De son côté, ce dernier s’engage à maintenir les aides à l’achat à travers le bonus écologique qui a été revu pour favoriser le « made in France » et le leasing social, qui sera reconduit en 2025 après une première phase à succès. “ Nous avons dix ans pour accomplir la révolution du thermique vers l’électrique ”, a rappelé Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. La question du verdissement des flottes d’entreprise est également un enjeu pour structurer un marché de l’occasion. Une proposition de loi sur ce sujet est d’ailleurs en cours d’examen au Parlement. Concernant les camions électriques, le contrat de filière mise sur une très forte progression des ventes (au moins dix fois plus en 2027 qu’en 2023) pour atteindre, en 2030, 50 % des immatriculations neuves. Mais ce que souhaite surtout le Gouvernement, selon Actu-Environnement, c’est que les voitures électriques vendues en France soient fabriquées sur le territoire national, à l’image de l’e-3008 de Peugeot, à Sochaux, et de la R5 de Renault, à Douais. Avec comme cible, le cap de 2 millions de véhicules électrifiés produits en France par an en 2030. Aujourd’hui, la France fabrique 11,7 % des véhicules électriques immatriculés dans l’Hexagone. Mais les ventes semblent s’orienter vers des fabrications européennes. Alors que la Chine fabriquait en 2023 environ 40 % des exemplaires vendus en Europe, ce taux baisse depuis début 2024 pour atteindre en avril 8,8 %. Une évolution qui favorise l’Espagne mais que la France espère aussi encourager. Le contrat de filière évoque aussi les questions essentielles -et problématiques – du nombre de points de recharge électrique, de l’électrification du parc thermique, de l’écoconception, … Autant de sujets où les défis restent nombreux.

Même si certains ont surpris leur monde, gagnant le titre de « surprise de la semaine », comme le patron de Stellantis, Carlos Tavares, « vendeur de voitures chinoises en Europe », pour reprendre le titre du Point. En dépit de ses quatorze marques, Stellantis a décidé de faire appel au chinois Leapmotor pour proposer en Europe un petit modèle électrique accessible… Le pragmatisme du directeur général du groupe automobile franco-italo-américain a donc parlé, préférant aux coûteuses versions électriques de Fiat, classées « premium », les Leapmotor plus simples mais aussi moins coûteuses à fabriquer et plus faciles à rentabiliser. Un constructeur partenaire dont il détient, depuis le 26 octobre 2023, 21 % de la marque et avec laquelle il a fondé la coentreprise Leapmotor International, basée à Amsterdam (Pays-Bas), qu’il contrôle à 51 %. Pour rappel, Carlos Tavares n’avait pas de mot assez dur, il y a quelques semaines, pour stigmatiser la politique européenne en faveur de la voiture électrique qui, selon lui, ouvrait par trop le marché aux Chinois…

Changement de secteur, avec l’aérien et le titre de la semaine qui nous vient, comme souvent, de Libération avec son article intitulé « Les français s’entêtent en l’air ». Joli, non ? Attractivité des vols low-cost, ponts du mois de mai… Malgré des vols domestiques en baisse, le trafic aérien a retrouvé son plus haut niveau historique, d’avant-Covid, et la tendance (à la hausse) ne change pas. Certains voyageurs « prendront le train », certes, mais cela ne change pas la donne. Et c’est sans doute dommage, car comme on le verra ci-dessous, une vraie décarbonation du secteur n’est pas pour demain, ni-même après-demain et en toute hypothèse pas avant 2050, contrairement aux engagements pris.

De fait, le chiffre de la semaine pourrait être : 60. Comme l’équivalent des 60 centrales nucléaires qu’il faudrait pouvoir entièrement consacrer à la décarbonation du transport aérien si l’on souhaitait vraiment l’atteindre… Dans ces conditions, la neutralité carbone visée par le secteur aérien à l’horizon 2050 est-elle vraiment réalisable, s’interroge L’Usine Nouvelle ? Au vu des investissements nécessaires pour mettre en œuvre les lourdes infrastructures à même de fournir suffisamment de substituts du kérosène, le doute est permis. Dans un avis publié mercredi 15 mai, l’Académie de l’Air et de l’Espace (AAE) évalue – à l’échelle de l’Union européenne – le montant des investissements à quelque 40 milliards d’euros par an. Quant au besoin de production d’électricité, il s’établit à environ 650 térawattheures par an (TWh/an), soit l’équivalent de 60 réacteurs nucléaires de nouvelle génération. Mission impossible ? « L’objectif de neutralité carbone du transport aérien semble très difficile à atteindre, résume Michel Wachenheim, président de l’AAE. On ne peut cependant pas affirmer qu’il n’est pas réaliste, car il est atteignable en réalisant les investissements nécessaires. » Alors que les experts de l’AAE jouent la prudence quant à l’interprétation de leurs travaux, leurs conclusions se rapprochent de celles établies l’an dernier dans un rapport de l’Académie des Technologies. Le document soulignait déjà, à la fois, la nécessité de déployer d’importantes infrastructures industrielles, mais aussi de décider au plus vite de leur lancement, au vu des délais.

Ce qui nous amène très naturellement à la question de la semaine, posée par Le Monde : « Des avions voleront-ils bientôt à l’hydrogène ? ». La question est simple et la réponse du quotidien du soir (comme on disait quand on ne lisait pas LeMonde.fr) a le mérite d’être claire : c’est non !  Pour faire voler des avions avec de l’hydrogène, il faut changer les moteurs des appareils actuels. Et pas seulement les moteurs : l’ensemble de l’avion doit être revu. Airbus annonce travailler sur un premier avion à hydrogène pour 2035 – mais de nombreux spécialistes estiment que cette date est très optimiste. Si ce délai est tenu, il s’agira d’un seul appareil, à caractère expérimental. Puis il faut produire les nouveaux avions, modifier les aéroports, former les pilotes, et enfin que les compagnies aériennes renouvellent leurs flottes – donc on est déjà en 2050 et, entre-temps, on n’a pas décarboné grand-chose. D’autant que cela ne peut pas fonctionner pour les long-courriers, comme les vols transatlantiques, puisque l’hydrogène est un gaz qui prend beaucoup de place, il faut donc un réservoir beaucoup plus grand, précise Le Monde.

En attendant, la pluie de la semaine est celle des investissements ensemençant notre beau pays, à en croire « Choose France », qui s’est tenu, sous la houlette présidentielle, en début de semaine. Investissements records, en nombres comme en valeur, ne boudons pas notre plaisir mais apportons-y aussi quelques bémols, à l’image de Géraldine Poivert sur Linkedin : « Choose the green growth »,  là est l’objectif et nous n’y sommes pas encore mais on y vient.

Les Assemblées Générales de la semaine sont celles des banques aux Etats-Unis. Bank of America, Goldman Sachs, Morgan Stanley et d’autres, font l’objet de résolutions actionnariales inédites les questionnant sur leurs financements aux industriels de l’énergie. Les actionnaires et les ONG mettent une pression particulièrement forte sur les banques. Le fonds de pension de la ville de New York, soutenu par l’église d’Angleterre (pas de « dangereux gaucho-wokistes », donc) a déposé une résolution auprès de JP Morgan Chase, Morgan Stanley, Bank of America, CitiGroup, Goldman Sachs et Royal Bank of Canada avec une demande inédite de publier un ratio de financements énergies fossiles versus énergies soutenables. Avec un certain succès, puisque trois de ces résolutions ont été retirées avant les AG : JP Morgan, CitiGroup et Royal Bank of Canada ont pris l’engagement de publier ce ratio.

Un peu dans le même esprit, les procès de la semaine nous viennent également des Etats-Unis : Un rapport du Congrès américain basé sur des milliers de documents internes des compagnies pétrolières dénonce leurs stratégies de déni climatique. Des sénateurs et des ONG appellent le gouvernement fédéral à lancer des poursuites judiciaires. Les majors pétrolières font déjà l’objet d’une trentaine de procès en demande de réparations de la part d’Etats américains, recense Novethic. Le rapport montre comment le discours de l’industrie s’est transformé ces dernières décennies pour continuer à entretenir le flou. Des rapports scientifiques étouffés dans les années 60, en passant par la remise en cause de la réalité du changement climatique, jusqu’à la phase actuelle de “déni climatique allégé” comme la décrit Sheldon Whitehouse, président de la commission budgétaire du Sénat co-autrice du rapport. Une phase dans laquelle les majors déclarent s’engager à réduire leurs émissions, alors que l’industrie pétrolière a tout mis en œuvre pour “ bloquer des progrès significatifs en matière de sécurité climatique “. L’American Petroleum Institute, interrogé par le Financial times, a qualifié le rapport de “ rhétorique infondée en année électorale ”. Exxon de son côté s’est défendu en disant que “ comme nous l’avons dit de nombreuses fois, le changement climatique est réel et nous avons une activité entière dédiée à la réduction des émissions ”. Mais malgré ses dénégations, l’industrie pétrolière américaine va se retrouver confrontée à de plus en plus de poursuites judiciaires. Le Center for Climate Integrity a déjà recensé 33 procès en cours aux Etats-Unis lancés par des Etats ou des collectivités locales contre les majors pétrolières. Parmi les plus récents, celui lancé par la Californie en septembre 2023 contre ExxonMobil, BP, Shell, ConocoPhillips et Chevron pourrait faire mal. L’Etat demande au tribunal de demander aux compagnies pétrolières de payer pour les dommages causés à l’environnement et d’imposer des amendes pour leurs mensonges sur le changement climatique. Entre les plaintes pour greenwashing ou celles pour dommages climatiques, les actions en justice portées par la puissance publique dénoncent pratiquement toutes le déni climatique des majors pétrolières. Le rapport du Congrès vient leur apporter de nouveaux arguments à faire valoir au cours de ces procédures.

Côté ressources, le conseil de bon sens populaire de la semaine pourrait être de « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». Surtout quand il s’agit de terres rares et autres minerais indispensables à la transition. Et pourtant ! L’une des conclusions du deuxième rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur les métaux critiques pour la transition verte, rendu public ce vendredi 17 mai est précisément que la concentration des marchés s’est accentuée entre 2020 et 2023 (notamment en ce qui concerne le nickel, le cobalt et le cuivre) et surtout que cette dynamique risque de continuer dans la prochaine décennie. « Globalement, le paysage relatif à l’offre est un peu meilleur qu’il y a deux ans, même s’il reste du travail à faire. Mais il est impossible de dire la même chose pour la diversification », explique le rapport, évoqué par L’Usine Nouvelle. Un bon graphique valant mieux qu’un long discours :

Si vous ne l’aviez pas deviné, le rouge représente la Chine. Sans surprise, elle est omniprésente. C’est chez le géant asiatique (qui est aussi le plus gros consommateur de métaux) que vont s’installer plus de la moitié des nouvelles raffineries de cuivre, de lithium ou de cobalt prévues d’ici la fin de la décennie. Encore plus inquiétant, Pékin concentrera à cette date 70% du raffinage de terres rares pour moteurs électriques et près de 95% de la production mondiale de graphite de qualité batterie, estime l’AIE. Du côté des mines, la majorité du lithium viendra encore de l’Australie et du Chili (que la Chine devrait toutefois dépasser), et plus de la moitié du nickel et du cobalt continueront de venir, respectivement, d’Indonésie, et de République Démocratique du Congo (deux pays potentiellement instables où des capitaux chinois contrôlent déjà une part substantielle de la production minière). En d’autres termes, comme le dit L’Usine Nouvelle : « Le risque géopolitique est parti pour durer dans les métaux de la transition verte. »

Ressource encore, la mauvaise nouvelle qui est objectivement plutôt bonne de la semaine est le retour de l’Arabie Saoudite à un début de lucidité. Vous vous souvenez du projet pharaonique présenté en 2021, « The Line », cette ville verticale futuriste construite en plein désert, une oasis de béton et de high tech au milieu de rien, rafraîchie par un système d’air conditionné géant et des piscines géantes ? Sa longueur annoncée était de 170 kilomètres. Trois ans plus tard, les ambitions ont été revues à la baisse. Drastiquement ! Sa longueur ne devrait finalement être que de 2,4 kilomètres en 2030, donc soixante-dix fois plus courte, révèle L’Usine Nouvelle. Chez (RE)SET, on a du mal à le regretter

Ressources enfin, « Nos amies les bêtes » de la semaine, ce sont les brigades canines de la métropole de Perpignan (qui regroupe 36 communes) !  En France, environ 20 % de l’eau potable transportée est perdue à cause des fuites sur le réseau de distribution. Certaines collectivités veulent améliorer ce rendement par tous les moyens, notamment grâce à ces brigades canines, composées de chiens dressés à renifler les odeurs de chlore et détecter ainsi les fuites souterraines. Pour la Métropole de Perpignan, l’objectif annoncé de la collectivité est de réduire le taux de fuites à 10 % d’ici à 2035. On applaudit des quatre pattes. Ouaf ouaf (citation apocryphe du chien sur la photo)

Biodiversité oblige, le concept de la semaine nous vient, une fois n’est pas coutume, d’Outre-Manche : le « No Mow May ». Le journal Libération s’est intéressé à ce mouvement qui s’étend au Royaume-Uni et qui qui consiste à ne pas tondre à ras sa pelouse au mois de mai. Avec le retour des beaux jours, l’envie vous démange peut-être de sortir la tondeuse et de faire place nette, pour poser chaises longues et parasol dans le jardin ? Pas si vite. Les herbes folles de votre pelouse sont les meilleures alliées de la biodiversité. Pour déconstruire l’obligation de raser son carré d’herbe, le mouvement « No Mow May », que l’on peut traduire par « Pas de tonte au mois de mai », est né il y a six ans et inspire jusqu’aux jardins publics français. L’objectif est de laisser sa tondeuse au garage tout le mois de mai pour laisser un peu de répit à la nature. Alors que sept Français sur dix possèdent un jardin, moins tondre sa pelouse, c’est participer, à son échelle, au maintien de la biodiversité. Car 80 % des insectes ont disparu en trente ans, une véritable extinction de masse silencieuse. De fait, tondre avant l’été et ses inéluctables chaleurs favorise l’évaporation de l’eau et donc « accroît le risque de sécheresse et le jaunissement du gazon ». Laisser au moins dix centimètres d’herbe, au contraire, permet d’épargner les lotiers, les pâquerettes et les trèfles, toutes ces plantes où fourmille la vie sous nos pieds. Les oiseaux peuvent y trouver des graines et des insectes pour se nourrir, les lombrics aèrent le sol, créant de fines canalisations qui permettent à l’eau de pluie de se disperser uniformément et les papillons viennent y déguster le nectar des fleurs. Bref, grâce à la Breaking (RE)NEWS, vous avez trouvé le meilleur prétexte pour épargner votre dos et ne pas tondre la pelouse. Ne nous remerciez pas

La devinette de la semaine dernière était une photographie, dont il vous était demandé de deviner quel moment elle figeait sur pellicule, comme on disait quand il y avait encore des pellicules. L’indice était qu’il ne s’agissait pas de l’Ukraine car elle a de fait été prise en février… dans l’Aveyron. IL s’agit de l’incendie d’un entrepôt de batteries au lithium : 1 276 tonnes de batteries au lithium volatilisées dans un brasier. Depuis, il y a eu plus fort, avec près de Lyon, le mois dernier, un nouvel entrepôt de batteries de 1 000 m² a pris feu et, avec lui, 2 millions de batteries dédiées aux étiquettes électroniques dans les rayons des magasins. Selon Libération, qui cite le président de la Fédération des entreprises de recyclage, François Excoffier, « entre 2014 et 2019, les incendies sur [leurs] sites de recyclage ont augmenté de 150%, avec environ 150 incendies chaque année ». Sans préciser si tous ces accidents étaient liés à des batteries au lithium, il les ciblait néanmoins, parlant d’une « bombe incendiaire que l’on diffuse partout ».

La devinette de cette semaine semble être ridiculement aisée mais ne l’est pas. Quel est le point culminant du monde ? Un indice : inutile de tenter de vous rappeler vos cours d’école élémentaire, ce n’est pas la bonne réponse

[Pour rappel, (RE)SET, fondé en 2019, est le premier cabinet de conseil indépendant dédié à la transition économique et environnementale et taillé pour l’action. « (RE)SET : resources to win environmental and economic battles ! » Forcément partielle, parfois partiale, toujours engagée, cette revue des médias au ton souvent enlevé, voire impertinent, n’engage aucunement (RE)SET dans ses activités de conseil mais elle brosse un portrait que nous estimons intéressant de l’état de la transition telle qu’elle transparaît dans la presse et les travaux de recherche. Une photographie du débat, des forces en présence, des oppositions, des convergences, que nous espérons utile à vos décisions et à la construction de vos stratégies de transition.]

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