
Jusqu’à mercredi, plusieurs centaines de professionnels du monde entier se retrouvent au Grimaldi Forum pour le salon Luxe Pack, en repérage des innovations du secteur de l’emballage ou à la recherche d’opportunités commerciales. Une industrie en constante mutation face aux défis économiques et environnementaux, qu’analyse Géraldine Poivert, fondatrice et directrice de (RE)SET, un cabinet de conseils aux entreprises, invitée à Luxe Pack pour partager son expertise.

Géraldine Poivert vient apporter son expertise économique et environnementale au salon Luxe Pack.
Par Géraldine Poivert (Directrice de (RE)SET)
Publié le 30 Sept. 2025 à 11:45
Depuis quand l’industrie de l’emballage se soucie-t-elle du développement durable ?
La transition du « packaging » a débuté il y a une vingtaine d’années. Le packaging, c’est un peu l’école maternelle de la transition environnementale. Le premier aspect qui a amené les acteurs économiques à s’intéresser à la pertinence de leurs actions environnementales, c’est l’emballage. Durant les 30 glorieuses et longtemps après, le packaging a été un moyen de portionner, transporter, conserver… il y a eu un pic d’innovation dans le secteur mais qui est allé trop loin. Les industriels ont oublié qu’il fallait chercher le mieux et le moins cher. Et le packaging qui était l’enfant innovant de l’après-guerre est devenu l’idole qu’on brûle.
Le client restant roi, comment arrive-t-on à vendre le recyclé et réemploi comme élégant dans l’univers de l’emballage ?
Il faut une grande ingénierie culturelle pour faire aimer de nouvelles choses aux consommateurs. Et ne pas être dogmatique. Les gens ne vont pas commencer vert car on leur dit que ça l’est. Il faut que ce soit utile, que ça rende un service, que ce soit sexy… Regardez ceux qui ont acheté une Tesla. Ils l’ont fait car il y a une nouvelle expérience de conduite et de réparation. Pas uniquement pour l’électrique. Mais le packaging est un secteur qui sait se renouveler…
Outre l’utilité et l’expérience, y a-t-il d’autres leviers à actionner pour convertir professionnels et clients ?
Il faut faire rêver. Notamment en revenant à l’histoire des matériaux, en faisant un détour par l’artisanat. Ce qui fait changer les gens, c’est aussi l’expérience sensorielle. Revenir à la beauté du matériau et se rendre compte que l’emballage peut aussi être un objet d’art, qui a une histoire à raconter. Toutes les transitions environnementales doivent raconter un récit. Et travailler ensemble. Les entreprises ne doivent pas hésiter à se fédérer pour développer de nouvelles pratiques. En deux ans, vous pouvez faire ce que vous auriez fait seul en 10 ans pour un coût bien moindre.
Faut-il, selon-vous, totalement bannir le plastique des emballages ?
Il est nécessaire de le réserver pour les produits qui nécessitent des barrières indispensables. Mais on peut revisiter le papier et le carton qui sont des composants incroyables et qui offrent une multitude de possibilités d’emballages justes. Le mot d’ordre, c’est revisiter avec modernité le meilleur de l’ancien et du neuf.
Géraldine Poivert , fondatrice et directrice générale de (RE)SET, ambassadrice France 2030, membre du conseil d’administration de l’INEC