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BREAKING (RE)NEWS DU 29 SEPTEMBRE 2023 : TRANSITION A LA FRANÇAISE

Le Président Macron et la « transition à la française » ont fait la « Une » cette semaine, avec la « Vision » développée dimanche et lundi dernier.  En soi, faire la « Une » sur ce sujet est une bonne nouvelle, qui montre que les grands médias et, l’espère-t-on, leurs lecteurs et téléspectateurs, ont compris que le sujet est d’importance. L’exercice était difficile, le résultat est là : la France est l’un des rares pays à disposer désormais d’une « feuille de route », secteur par secteur, dotée d’objectifs chiffrés. La vision qui la sous-tend est celle d’une « écologie positive », « à la française » et « de souveraineté ».

Quelques scories ont rendu le message moins clair qu’il aurait pu être et fait couler beaucoup d’encre. Ainsi la saillie du Président sur « la bagnole », qu’il « adore » … On comprend bien l’intention – atténuer le sentiment d’une « écologie punitive »- mais peut-être Emmanuel Macron aurait-il pu aussi ajouter « j’adore la bicyclette en ville », nous dit Libération, qui enfonce le clou avec ce dessin d’humour :

Sur le net aussi, succès garanti, avec ces quizz qui ont fleuri sur les réseaux :

Petit jeu : devinez, de la photo de droite ou de celle de gauche, laquelle illustre un départ en vacances après l’avènement de la « bagnole » électrique 😊

Plus sérieusement, le message présidentiel, tout en protection, peut apparaître, au choix, prudent (syndrome du gilet jaune) ou ambigu. Ainsi l’annonce sur l’abandon des centrales à charbon, qui réjouit bien sûr les promoteurs des énergies alternatives mais déçoit ceux qui soulignent que cet engagement portait initialement sur 2022 et qu’il est repoussée à 2027, ce qui fait titrer à La Tribune que Macron recycle une promesse non tenue. Même chose quant aux pompes à chaleur, qui sont « intelligentes » mais non, on ne va pas interdire, finalement, les chaudières à gaz pour autant. Certains observateurs regrettent donc que l’on continue de faire croire que la transition sera indolore,  lors même que l’on sait qu’il n’en sera rien… Ce qu’on en pense chez (RE)SET, on le trouve dans une « tribune » publiée par La Croix. Quasi-parfaite dans l’esprit, la méthode -la planification- et le chiffrage global (40 milliards d’euros en 2024), la « transition à la française » invite à garder à l’esprit trois points de vigilance. D’abord, même s’il ne faut pas « désespérer Billancourt », on ne peut pas non plus laisser croire que la transition sera un chemin parsemé de pétales de roses, au risque de créer de fausses attentes. Ensuite, si l’on veut que cela fonctionne, il faut avant tout favoriser l’investissement, et pas seulement public :  c’est majoritairement l’investissement privé qui permettra de réussir ou non la transition. Il faut aussi le flécher certes sur la décarbonation, mais pas seulement ! La ressource (l’eau, le sable, les minerais, …), la biodiversité, sont essentiels. Enfin, il faut rester vigilant car les résultats se devront d’être à la hauteur des projections, donc que les objectifs chiffrés énoncés ces derniers jours soient atteints. Or la transition est hélas un domaine où, d’expérience, il est rare que ce soit le cas, ce ne sont pas les experts du Giec qui nous contrediront…

Pour autant, on ne peut que saluer l’excellent travail de fourmi du Secrétariat Général pour la Planification Ecologique (SGPE), dont les Echos reprennent la synthèse des travaux, avec ses 50 leviers dans tous les secteurs. L’ensemble reçoit les applaudissements nourris de Pascal Canfin, Président de la commission environnement du Parlement européen (et secrétaire général délégué de Renaissance) qui se réjouit de ce que pour la première fois, l’Etat est vraiment au rendez-vous du financement public de la transition écologique._

Parfaite illustration de ce que « la transition, c’est compliqué », la semaine aura également vu s’effondrer quelques mythes, ce que Novethic a bien noté : le lego en plastique recyclable, la consigne des bouteilles en plastique, l’avion vert de Lufthansa. Auquel on pourrait ajouter, en suivant Le Monde, la composition des smartphones qui s’avèrent, finalement, toujours plus en plastique. … Le point commun entre ces développements : de fausses bonnes idées pour une cause pourtant louable. Ainsi Lego a-t-il dû jeter l’éponge, ou la brique, après une phase d’expérimentation de deux ans. Le plus grand fabricant de jouet au monde renonce à fabriquer ses briques en plastique recyclé. Selon le directeur général du groupe, Niels Christiansen interrogé par le Financial Times, « l’utilisation du polytéréphtalate d’éthylène [PET] recyclé aurait entraîné des émissions de carbone plus importantes au cours de la durée de vie du produit ». Le « niveau de perturbation de l’environnement de fabrication était tel que nous devions tout changer dans nos usines » pour accroître l’utilisation du PET recyclé, a ajouté Tim Brooks. « Après tout cela, l’empreinte carbone aurait été plus élevée. C’était décevant. » On ne connaît ni les chiffres ni les références choisies, donc… no comment.

De son côté, la consigne des bouteilles en plastique a plutôt buté sur les équilibres de financement des collectivités locales. Pour citer Christophe Béchu, « Force est de constater que la mise en place immédiate et généralisée de la consigne pour recyclage ne rencontre pas la pleine adhésion dont nous avons besoin ». Il faudra trouver autre chose pour atteindre les objectifs que nous fixe l’Union Européenne et rejoindre nos pays voisins qui y parviennent. Côté Lufthansa et son projet d’avion vert, c’est évidemment le carburant qui pèche : Carsten Spohr, le patron du premier transporteur aérien européen, a estimé que la compagnie « aurait besoin d’environ la moitié de toute l’électricité allemande pour convertir en carburant synthétique sa flotte actuelle ». Lucide, Carsten Spohr sait qu’il n’aura pas accès à cette quantité d’électricité en Allemagne, il envisage donc d’aller la chercher « à l’étranger, là où l’énergie éolienne ou solaire est disponible en quantités pratiquement illimitées », sans citer de pays précis. Viel Glück [NDLR : « Bon courage »].

Place à nos rubriques hebdomadaires avec, pour continuer dans la série « en fait, c’est compliqué », la mesure « inenvisageable » de la semaine, selon les stations de service indépendantes qu’est la vente des carburants à prix coûtant, décidée par le gouvernement. Encore un exemple des difficultés inhérentes à la transition. Les limites du « en même temps » 😉

Le conflit de la semaine oppose les agences réglementaires et les institutions scientifiques. Pour résumer et reprendre le titre du journal Le Monde, «le dossier glyphosate illustre jusqu’à la caricature le conflit entre agences réglementaires et institutions scientifiques ». Scientifiques qui se prévalent d’une victoire tardive, trop tardive, avec ces mêmes agences, concernant le Bisphénol A…

Pour rester avec les scientifiques, l’appel de la semaine nous vient d’eux, dans une « tribune » au Monde : ils suggèrent fortement « la mise en œuvre d’un projet Manhattan de la transition écologique ». Une bonne idée, qui repose sur « la force du collectif » chère à (RE)SET 😉

Le doute de la semaine concerne l’avenir, au moins à court terme, de la filière de l’éolien off-shore / victime de la raréfaction et du renchérissement de la ressource : la forte progression des prix du cuivre et de l’acier rend aléatoire leur rentabilité et plusieurs grands chantiers sont en voie d’être, sinon abandonnés, au moins repoussés.

Un petit rappel météo de la semaine est toujours utile pour vous rappeler que, si l’on en souffre moins du fait de valeurs absolues plus confortables, la température en France continue de battre tous les jours des records historiques. Voici la prévision pour dimanche : ressortez les maillots de bain !

Des températures d’octobre qui, pour les moins jeunes, ne peuvent qu’évoquer « l’été indien », cette chanson phare des années 70 (attention, le refrain peut s’attarder longtemps dans votre tête, c’est au moins le cas pour le rédacteur de ces lignes !)

Le bootcamp de la semaine est évidemment celui de (RE)SET, avec son quatrième opus (en 20 mois) dédié à « Pulp in action », réunissant 12 marques majeures du secteur de la cosmétique et 19 innovateurs du monde entier : ce sont aujourd’hui 20 pilotes qui ont été identifiés visant à supprimer le plastiques des emballages de ce secteur pionnier, qui parie sur la substitution!

L’offensive judiciaire de la semaine a été portée par six jeunes Portugais, jusqu’à la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) qui cherchent rien moins qu’à créer juridiquement, ou préciser, de nouveaux droits de l’homme à un environnement sain. Réponse très attendue de la CEDH dans quelques mois.

Le slogan de la semaine aurait pu être « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a du lithium », s’il faut en croire les déclarations du Président et les affirmations du patron du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans Les Echos : « Le dernier inventaire des ressources minières nationales a une cinquantaine d’années. 20 % du territoire avait alors été exploré et seulement jusqu’à 300 mètres de profondeur, alors qu’aujourd’hui on sait exploiter des mines à plus de 1.000 mètres de la surface. De même, à l’époque des dernières études, seuls 22 métaux faisaient l’objet de recherches alors qu’actuellement la liste des métaux dignes d’intérêt en comporte 55. Même si la France ne sera jamais autonome, son sous-sol est loin d’être dépourvu de ressources, contrairement aux idées reçues. Premier exemple : le lithium. « On va en trouver, c’est sûr ! La France est sans doute l’un des pays d’Europe les mieux dotés », assure Christophe Poinssot, directeur général délégué du BRGM.

La devinette de la semaine dernière vous interpellait sur un principe philosophique et était illustrée par cette photo qui, à la manière d’un tableau de Magritte, aurait pu être titrée : « Ceci n’est pas un Rasoir d’Ockham » !

Wikipedia en donne une définition simple qui vous permettra de comprendre aisément pourquoi ce fameux « Rasoir » nous plaît bien, chez (RE)SET 😉 :

Également appelé principe de simplicité, principe d’économie ou principe de parcimonie (en latin « lex parsimoniae »), le « Rasoir d’Ockham » peut se formuler comme suit : Pluralitas non est ponenda sine necessitate [NDLR : pour les non-latinistes, la traduction est « les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité »].Une formulation plus moderne est que « les hypothèses suffisantes les plus simples doivent être préférées (il faut et il suffit) ». C’est un des principes heuristiques fondamentaux en science, sans être pour autant à proprement parler un résultat scientifique. Dans le langage courant, le rasoir d’Ockham pourrait s’exprimer par les phrases « l’explication la plus simple est généralement la bonne » ou « Pourquoi chercher compliqué quand plus simple suffit ? ».Cependant, « la simplicité » dont il est question ici ne signifie pas que l’hypothèse la plus simpliste, la plus évidente ou la plus conventionnelle soit forcément la bonne. Le rasoir ne prétend pas désigner quelle hypothèse est vraie, il indique seulement laquelle devrait être considérée en premier.

La devinette de cette semaine … est plus prosaïque et nous permet de rappeler que, chez (RE)SET, on adore mettre les mains dans le moteur. De quoi s’agit-il donc ? Un indice : notez cette belle couleur verte !

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